« Le matin, quand j’ouvre les yeux, je me dis : Voilà, une autre journée qui commence ! »
Gilles Roussel fait preuve d’une grande résignation à la suite du diagnostic d’un cancer incurable au cerveau qui l’a assommé en 2013. Or, depuis ce temps, il s’est ressaisi et pratique la course à pied, ce qui fait l’admiration de ceux et celles qui le côtoient régulièrement.
Il le reconnaît. « Non, je ne peux pas dire que j’ai été chanceux dans la vie. Cependant, j’ai cessé de m’empêcher de faire des projets ». Et vous comprendrez pourquoi lors des prochaines lignes.Une enfance difficile, la DPJ de 8 à 18 ans. Ses parents se séparent dès sa naissance. Puis, lorsqu’il a découvert certains secrets, il s’est révolté, échouant dans un centre de délinquance. Malgré tout, il avait promis à sa mère qu’il terminerait ses études au secondaire. Il a rempli cette mission. « J’ai volé de mes propres ailes à partir de 16 ans », précise-t-il.
Un courage indescriptible qui fait l’admiration de tous les gens qui l’entourent.
C’est durant cette période qu’il rencontre Claudine Émond et le 23 mars prochain, ils célèbreront une 36e année de couple. « Je me disais pourtant que je ne me marierais jamais, considérant que je suis issu d’une famille dysfonctionnelle et que par conséquent, je ne croyais pas tellement au véritable amour. »
Le voilà pourtant avec trois beaux enfants, Sophie, 30 ans, François, 26 ans et Katie, 24 ans, six petits enfants et un 7e qui se pointera le bout du nez, à quelque part en juillet prochain. « Je suis tombé dans une bonne famille, celle de mon épouse et si je suis ici aujourd’hui, c’est grâce à elle », admet celui qui fêtera ses 52 ans le 22 mars.
Toutefois, la guigne s’acharne sur lui quand en 2007, il subit un AVC. Les examens confirment une masse au cerveau. Suivit jusqu’en 2009, les médecins lui disent qu’elle n’a pas bougé, ni amplifié. En 2012, il quitte prématurément son travail de chargé de projet pour la compagnie Qualinet à Saint-Hyacinthe à cause d’un sérieux mal de tête. Il s’écroule à la maison. À l’hôpital, on scrute son dossier. En l’espace de deux semaines, le 16 octobre 2012, on l’opère pour lui retirer cette masse au cerveau.
Pour lui rappeler qu’il doit se battre à chaque jour.
S’amorcent les traitements. « J’ai mangé de la chimiothérapie et j’ai traversé la radiothérapie. Avec un système immunitaire à plat et une garderie à la maison, je devais redoubler de prudence ».
Gilles subit des traitements au hasard car pour le gène dont il dispose, personne n’a encore vécu assez longtemps pour établir un protocole de traitements. Puis, en 2015, lors d’un examen de routine, deux taches apparaissent. Pourtant, il ne sent rien et se considère relativement en bonne condition physique. Après mûres réflexions, il refuse le traitement. « J’ai alors décidé de me croiser les doigts ».
Automne 2017, le médecin lui confirme qu’il ne voit plus rien. « On ne cherchera pas à comprendre, m’a-t-il dit et il a rajouté que je ne devais plus venir perdre mon temps dans son bureau ! » Miracle ? « Non, mais je crois qu’avec la course à pied, j’ai peut-être ajouté des années. »
Son Trip de fou démontre une grande sensibilité de sa part qui l’incite malgré toute cette malchance, à remettre au suivant.
Ado, il sprintait, des 50 et 100 mètres. À son mariage, il a tout arrêté. Pendant son stade de guérison, sa sœur Julie lui a suggéré de recommencer à courir. « La peur me hantait. Je venais de sortir d’une dépression suite à l’intervention chirurgicale.»
Le hasard fait bien les choses. La sœur de son gendre ne pouvait installer son tapis roulant dans son nouvel appartement. Gilles l’a dépannée à condition qu’il puisse l’utiliser. Il pesait alors 198lbs alors qu’habituellement, son poids normal est de 160lbs. Il décide de commencer à marcher durant les matchs des Canadiens de Montréal à la télé. Tranquillement, il augmente la cadence et se repose entre les périodes. Après quelques rencontres, il se met à courir jusqu’au jour où il finit par courir durant toute la partie !
Il s’aventure dehors où il croise d’autres adeptes et découvre le groupe de Zone Course à Drummondville. En compagnie de Julie, il participe à sa première course officielle en février 2015 à Vaudreuil-Dorion, à l’intérieur. Depuis ce moment, il a pris part à huit demis, couru deux fois 30km, un marathon l’an dernier à Bécancour, la Trans-Montréal, un 60km en octobre 2017 et plusieurs 5 et 10km.
Gilles et son épouse Claudine Émond dont la famille a complètement changé sa vie pour le meilleur.
Un projet lui trotte dans la tête depuis sa présence au demi-marathon de Montréal l’an dernier. Il pense à un Trip de Fou ! Il veut courir un aller-retour entre Drummondville et Pierreville, une distance totale de 80km. Une amie, Hélène Rioux lui suggère de transformer cette expérience en levée de fonds. Il trouve l’idée merveilleuse. Prévu pour le 25 août, il remettra les profits à la maison René Verrier, un centre pour les personnes en fin de vie à Drummondville. Cet endroit a payé une partie de son traitement, en compagnie des membres de sa famille, qu’il a dû subir à Trois-Rivières.
Il a ainsi créé une page facebook où les gens sont invités à contribuer à raison 1$ du kilomètre qu’ils courront. Des volontaires le suivront en vélo pour le soutenir et les participants devront être autonomes. « Si je peux amasser 1000$ avec les inscriptions de course, je serai très heureux mais je sais que d’autres personnes contribueront sans nécessairement courir. »
Déclaré invalide depuis la fin 2013, Gilles souhaite ardemment qu’il ne mettra pas son projet sur la glace. « Même si je devais subir un traitement, je le marcherais pour ne pas me décevoir et décevoir les autres. » Au cours de l’entrevue, il a reconnu que ça faisait longtemps qu’il n’était pas revenu aussi loin dans son passé.
Moi, je lui décernerais la médaille du courage et celle pour une grande leçon de vie. Merci Gilles.
Ses bras sont tatoués. Sur celui de droite, on retrouve les noms de ses enfants, petits-enfants et sur le gauche, la faucheuse où il est écrit : I kill cancer. Il en ajoutera un autre derrière le bras gauche, cette phrase dans laquelle il a changé un mot : La vie donne ses plus durs combats à ses plus forts soldats ! Les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus rapides mais par ceux qui n’abandonnent jamais.
Intégralement, il fallait lire : Dieu donne ses plus durs combats…..
Vous comprendrez pourquoi.
PS: Sur la photo titre, Gilles est accompagné de son grand ami Yvan Landry.
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