Depuis plusieurs années, les Québécois se sont réorientés lorsque vient le temps de suivre le sport. Je porte mon analyse sur la dernière décennie qui fût diversifiée à plusieurs égards et qui a perdu de son flegme avec le temps.
Remontons l’analyse depuis une douzaine d’années lorsque les sports professionnels étaient d’actualités dans la province.
Boxe

Lucian Bute et Jean Pascal
Au niveau des sports de combat, Lucian Bute et Jean Pascal sont au summum de leur forme physique. Adrian Diaconu, Simon Kean et David Lemieux sont encore jeunes, mais ils sont la relève. Les deux premiers remplissent le Centre Bell et le Colisée Pepsi. Qui ne se rappelle pas des combats mémorables de Bute contre Librado Andrade ou Glen Johnson? De ceux de Jean Pascal contre Bernard Hopkins et Sergey Kovalev? C’était la belle époque pour la boxe québécoise qui avait à ce moment le vent dans les voiles au niveau popularité. Les cotes d’écoute au niveau de la télévision payante fracassent des sommets. On pensait à un certain moment que Bute et Pascal allaient se battre jusqu’à 50 ans….mais la réalité a vite frappé.
Qu’est-ce qui a causé le déclin de la boxe au Québec? Je crois que le manque de relève, mais aussi le manque de soutien aux athlètes a fait mal à ce sport. Il faut vraiment chercher loin pour trouver de l’excitation en vue d’un combat aujourd’hui. D’abord parce que nos boxeurs ne sont plus dans l’élite, mais aussi que les conditions ne sont plus les mêmes qu’avant. Il n’y a plus de combats de championnat du monde. Récemment, David Lemieux a annoncé sa retraite et je ne vois pas qui pourrait un jour prendre le relais des combattants que nous avons vus à l’œuvre.
Football canadien

Alouettes de Montréal et Anthony Calvillo (13)
Menés par l’entraîneur-chef Marc Trestman qui fait le saut dans la LCF en provenance des États-Unis et guidés par Anthony Calvillo et Ben Cahoon, les Alouettes de Montréal sont une véritable puissance dans la ligue canadienne de football. Trestman établit un nouveau standard dans la ligue et devient une référence. Le stade Percival-Molson jouit d’une cure d’agrandissement au grand bonheur des partisans qui se déplacent en grand nombre au stade pour suivre l’équipe. La frénésie du football se fait sentir à Montréal et partout au Québec jusqu’en novembre. Les inconditionnels du ballon ovale avaient hâte à chaque début de saison.
Mais qu’est-ce qui a causé le déclin soudain des moineaux? Encore une fois, l’équipe a ignoré la relève. Ils ne sont pas parvenus à remplacer Anthony Calvillo et plusieurs vétérans ont quitté à la retraite laissant du leadership derrière eux. Avec le départ de Marc Trestman et éventuellement du directeur-gérant Jim Popp, l’équipe s’enlise de plus en plus. Dans les dernières années, on parle plus de médiocrité constante. L’embauche de Danny Maciocia à la tête de l’équipe donne espoir qu’il pourra trouver des solutions, mais je crains qu’il faudra être patient encore avant de les constater.
Soccer

CF Montréal (anciennement Impact)
Avec l’arrivée dans la MLS de l’Impact de Montréal, on sent que l’engouement pour ce sport devient de plus en plus élevé. D’une part parce que l’équipe atteint la plus haute ligue nord-américaine, mais d’autre part la curiosité des Québécois face à ce sport qui n’était pas encore en évolution en 2012. L’Impact réussi a attiré des joueurs comme Alessandro Nesta et Marco Di Vaio et poursuit sa mission d’intéresser le plus de supporters avec le temps. Joey Saputo, le propriétaire, décide de créer l’Académie qui développera de jeunes talents locaux et qui fera en sorte de promouvoir le sport à travers le Québec. Petit à petit, les jeunes Québécois et Québécoises se mettent à pratiquer ce sport qui est en constante évolution depuis ce temps. Dans les organisations régionales en général on y retrouve plusieurs Européens qui ont décidé de venir s’implanter ici et d’imprégner la culture du ballon rond.
Je ne pourrais pas dire que l’intérêt pour le CF Montréal (anciennement l’Impact) a diminué, mais le fait qu’il y a eu autant de changements d’entraîneurs avec le temps a certainement causé des maux de tête aux partisans. Le propriétaire impatient qui agit rapidement ne laissant pas les pièces se placer peut sembler en contrôle de ses agissements et d’autres fois ce n’est pas le cas. Le changement de nom de l’équipe a eu pour effet de diviser les gens sur le nom donné, mais aussi sur le fait que personne n’a été consulté pour choisir le nom favori. Il reste que quand les partisans paient pour aller voir un club, ils ont quand même un mot à dire sur le nom de l’équipe lorsqu’il y a changement selon moi.
Formule 1 et baseball

Jacques Villeneuve – BAR Honda
Il est clair que lorsque Jacques Villeneuve était encore actif, il attirait les foules surtout pour le Grand Prix de Montréal. Les gens se déplaçaient durant la semaine de l’épreuve et pouvaient rencontrer le pilote québécois. Rappelons-nous des pilotes Alex Tagliani, Andrew Ranger et Patrick Carpentier. Ils n’ont jamais pu se signaler autant que Villeneuve et depuis la retraite de ce dernier, peu d’espoir est permis pour la suite des choses. Je ne suis pas inquiet pour le futur du Grand Prix à Montréal, car cela est un événement qui attire le tourisme et une fois par année alors je doute que la popularité baisse avec le temps.
Pour le baseball, depuis le départ des Expos, je crois que l’intérêt pour ce sport est stable surtout à Montréal. Les Capitales sont dans un marché parfait pour eux à Québec, mais je doute que dans un stade plus grand la foule soit au rendez-vous. Tant que la métropole ne se dotera pas d’un stade de baseball moderne, les Expos ne reviendront pas bientôt.
Couverture médiatique des sports
J’ai fait la nomenclature des différents sports qui ont occupé la scène québécoise depuis une dizaine d’années et il faut se rendre à l’évidence que le Canadien de Montréal a encore toute la place. Prenons l’exemple des stations de radio ou de télévision qui doivent diffuser du contenu sportif à l’antenne durant l’été. Lorsque vient le temps de faire participer les gens pour des lignes ouvertes ou simplement pour des entrevues avec des collaborateurs, il est prouvé que lorsqu’il est question du Canadien, les gens sont à l’écoute. Pourtant, dans les dernières années, avec la diversification des sports que nous avions, on n’aurait jamais pensé que le Canadien occuperait encore cette place.
Je crois qu’au Québec nous sommes une population d’événements. Je m’explique. Lorsqu’il y a le Superbowl, on sent l’intérêt d’à peu près n’importe qui pour ce match, car c’est un événement qui n’arrive qu’une fois par année et il faut dire que tout le divertissement entourant le match est grandiose et il ne faut pas juste se fier sur ce qui se passe sur le terrain pour apprécier le spectacle. Même chose pour des compétitions comme la Coupe du monde de soccer ou la finale de l’Euro. Les inconditionnels de ces sports vont regarder ces compétitions bien évidemment, mais la population en général ne s’intéressera qu’aux matchs décisifs.
Imaginez un instant que le CF Montréal ou les Alouettes fassent la une de tous les quotidiens. Cela n’aura pas la même portée qu’un échange du Canadien, une signature ou une nouvelle d’envergure. Un match de soccer le mercredi soir entre le onze montréalais et Chicago n’attirera pas les érudits du ballon rond autant qu’un match de fin de semaine ou finale d’un championnat reconnu.
Les différents diffuseurs et médias doivent user de créativité pour attirer les cotes d’écoute. Que ce soit par des interventions de collaborateurs de renoms ou simplement par rendre le contenu agréable. Il est plate qu’au Québec nous soyons perçus comme une province d’un seul sport, une seule équipe. Il y a tellement de diversité et d’athlètes qui se défoncent qu’on mériterait de prêter plus attention à ces sports.
Ah et j’oubliais le tennis. L’omnium Banque Nationale est un succès chaque année autant pour les hommes que pour les femmes au niveau de la présence dans les gradins, mais si je vous dis que je consacrerai les deux ou trois prochaines heures à parler de tennis, serez-vous au rendez-vous pendant toute l’émission à la radio?
La question mérite d’être posée. Comment voyons-nous l’intérêt des Québécois pour le sport? Est-ce qu’il faut gagner absolument ou réaliser de grandes choses pour que les gens s’intéressent et embarquent dans l’aventure de façon constante?
J’ai bien peur que oui, même le Canadien a peur d’utiliser le mot reconstruction de peur de froisser les partisans qui ont été présents dans les dernières années malgré les insuccès répétés de l’équipe….
Johnatan Paré
Commentaires
Aucun commentaire