Les Canadiennes divisent les honneurs en ouverture | Charles Bussières-Hamel

Les Canadiennes débutaient leur saison lors d’une série de deux matchs contre l’Inferno de Calgary. La Place Bell était le théâtre du match inaugural dans le cadre d’un programme double avec le Rocket de Laval samedi soir, le 13 octobre. Les deux équipes ont remis ça le lendemain sur la glace communautaire du même édifice.

Plus tôt, le 12 octobre, l’organisation montréalaise annonçait la nomination de Marie-Philip Poulin en tant que capitaine. En point de presse, l’entraîneur Dany Brunet avouait que les joueuses avaient eu un mot à dire dans la sélection : « Ça été unanime, nous avons fait un petit sondage dernièrement. Il y a la joueuse mais aussi l’individu. C’est une grande leadeuse pour les Canadiennes à tous les niveaux. Elle est une inspiration. C’est une joueuse complète qui joue dans les deux sens, qui bloque des lancers et qui y met constamment l’effort. »

Ann-Sophie Bettez, Mélodie Daoust et Erin Ambrose porteront le “A” et viennent compléter le quatuor de leadership pour la saison 2018-2019. Poulin arborait le “C” avant sa participation aux dernières olympiades. Ann-Sophie Bettez avait hérité du titre pendant son absence.

Avant le match de samedi la mise-en-jeu protocolaire a officialisé le partenariat entre les Canadiennes et la Place Bell de Laval. L’équipe y jouera un autre match en février en plus d’utiliser la glace communautaire à cinq reprises et lors des entraînements. Mark Weightman, vice-président des opérations et du développement de la Place Bell, Christiane Hémond, directrice-générale de la Cité de la Culture et des Sports de Laval, et Caroline Ouellette ont eu l’honneur de se retrouver au centre de la patinoire. D’ailleurs la nouvelle retraitée a reçu une ovation debout de la part des 1567 partisans.

Match 1 – Samedi 13 octobre

Avec deux équipes dont la philosophie est axée sur l’offensive, le match a débuté sur les chapeaux de roue. Le manque de cohésion et les nombreux revirements ont donné droit à plusieurs échappés et deux contre un. Heureusement, les gardiennes ont été solides en se signalant à plusieurs reprises. Emerance Maschmeyer fut la première à céder contre le duo vedette américain de l’Inferno. Brianna Decker a décoché un tir précis dans le haut du filet, Zoe Hickel a récolté la mention d’aide.

Les Canadiennes ont capitalisé sur des revirements pour s’échapper à trois reprises en première. Alex Rigsby s’est dressée tel un mur pour stopper tour à tour Kim Deschênes, Ann-Sophie Bettez et Katia Clément-Heydra.

À la quinzième minute, Maude Gélinas, oubliée dans l’enclave, enfile son premier but à son premier match dans la LCHF, nivelant le pointage par le fait même. Une autre recrue, la défenseure Catherine Daoust s’est fait complice tout comme Tracy-Ann Lavigne. Sans être emballée par son but, Gélinas semblait plutôt heureuse d’avoir fait tourner le vent en faveur de son équipe : « Je ne suis pas la fille la plus scoreuse, c’est assez exceptionnel de compter au premier match. »

Une telle contribution est toujours fort appréciée comme l’indiquait Dany Brunet après la rencontre :  « Le 4e trio, on le se cachera pas, c’est celui qui a le moins de temps de jeu. C’est un rôle excessivement ingrat. Les joueuses qu’on a l’accepte. Quand tu as un quatrième trio qui va chercher un but, sans rien enlever aux autres, ça amène plus d’énergie. »

L’histoire de Maude Gélinas est particulièrement intéressante. La graduée de l’Université de Montréal, repêchée en 11e ronde en août dernier, avait quitté le hockey depuis deux ans. Il semble que cette période de recul lui était nécessaire : « Ça me manquait, j’avais besoin de retrouver un bon équilibre entre le travail et le sport. Je ne savais pas si ça allait fonctionner mais je suis contente d’avoir réussi à faire l’équipe. » Pour son entraîneur, tout le mérite lui revient : « Elle travaille avec acharnement, c’est une fille qui est dédiée, qui est vraie. Je ne peux pas dire qu’elle n’appréciait pas le hockey. Pour apprécier ce que l’on a déjà eu, la meilleure chose dans la vie c’est de se le faire enlever puis redonner. Elle vit tous les moments et c’est un bel exemple pour nous. »

Les deux entraîneurs ont apporté les ajustements nécessaires au premier entracte. L’Inferno a joué de manière robuste laissant peu d’espace aux Canadiennes, ce qui a entraîné deux pénalités pour obstruction et mise-en-échec illégale.

Les montréalaises ont déployé leur jeu de puissance tout étoile composé de Mélodie Daoust, Marie-Philip Poulin, Ann-Sophie Bettez ainsi qu’Hilary Knight et Erin Ambrose à la pointe. Les signes encourageants de la présaison ne sont pas ressortis samedi. Calgary a été impeccable en désavantage numérique en mettant beaucoup de pression sur les joueuses, leur laissant peu de temps pour effectuer des jeux.

Avec une marque de 1-1 en début de troisième, clairement on jouait pour ne pas perdre. Sarah Lefort est finalement parvenue à briser l’égalité en poussant une rondelle égarée au fond du filet à la quatorzième minute de jeu. Jill Saulnier et Hilary Knight se sont faites complices sur le jeu.

Les Canadiennes ont ouvert la porte à l’Inferno avec trois minutes à faire en troisième quand Katia Clément-Heydra a écopé d’une pénalité pour avoir accroché. À l’instar de l’Inferno en désavantage numérique, les Canadiennes ont été parfaites pour défendre leur zone. D’ailleurs la meilleure chance est venue de Mélodie Daoust qui s’est échappée mais n’est pas parvenue à déjouer Rigsby.

En toute fin de partie, Marie-Philip Poulin et Mélodie Daoust aurait pu en ajouter un troisième dans un filet désert mais la rondelle bondissante a refusé de coopérer.

Pour un premier match, avec un alignement passablement modifié et le court camp d’entraînement, les Canadiennes prendront les deux points malgré une performance pas entièrement satisfaisante.

Sans être bombardées, les deux gardiennes ont fait les arrêts clés. Emerance Maschmeyer a bloqué 20 des 21 lancers en sa direction. Du côté de l’Inferno, Alex Rigsby n’a rien à se reprocher dans la défaite. À son premier match dans la LCHF, la recrue a été solide, contrôlant ses retours et en effectuant quelques arrêts spectaculaires.

 

Match 2 – Dimanche 14 octobre

Dès le lendemain, les deux équipes remettaient ça sur la glace communautaire de la Place Bell de Laval. Le match s’avérait important car la course aux séries sera serrée jusqu’à la fin. L’Inferno souhaitait éviter le balayage et les Canadiennes espéraient profiter de l’avantage de la glace.

Dany Brunet a apporté un seul changement à sa formation. La défenseure Sophie Brault a laissé sa place à la recrue Marie-Joëlle Allard. C’est donc dire qu’il y avait trois recrues en défensive. Des ajustements dans la structure défensive ont été apportés afin de contrer le style offensif de Calgary qui s’amenait régulièrement à quatre profondément nous a confié l’entraîneur après la partie.

En milieu de première période, Ann-Sophie Bettez crée un revirement et remet la rondelle à Marie-Philip Poulin provoquant ainsi un deux contre un. Cette dernière a opté pour un lancer bas. Bien positonnée à la droite d’Alex Rigsby, Mélodie Daoust n’a eu qu’à pousser le retour au fond du filet.

Les joueuses de l’Inferno ont débuté le second engagement en lionnes avec deux buts en une minute et six secondes. Tout d’abord Brianne Jenner bat Emerance Maschmeyer d’un puissant lancer. Une quarantaine de secondes plus tard, Rebecca Leslie saute sur une rondelle libre dans l’enclave pour l’envoyer au fond du filet. Maschmeyer n’y pouvait rien. Le troisième but de l’Inferno a été inscrit par Rebecca Johnston dans un filet désert en fin de troisième pour porter la marque à 3-1. Les Canadiennes y allaient d’une ultime tentative pour niveler le pointage.

Malgré tous les efforts déployés, les Canadiennes se sont butées à Alex Rigsby. La recrue était en pleine possession de ses moyens.

Les montréalaises ont clairement dominé la troisième avec 12 tirs contre seulement 6 pour Calgary. Dans l’espoir de créer l’égalité, Dany Brunet a envoyé Hilary Knight au côté de Marie-Philip Poulin et Mélodie Daoust en troisième : « On voulait générer de l’offensive et amener plus de rondelles au filet. Un petit changement peut créer une étincelle dans un match où chaque pouce est difficile à gagner. Sans rien reprocher à Ann-Sophie Bettez qui a joué un excellent match. »

On s’attendait à des matchs serrés entre ces deux équipes et c’est exactement ce qui s’est produit, rien pour surprendre Emerance Maschmeyer : « Je pense qu’avant la fin de semaine, nous étions vraiment confiantes mais nous savions que Calgary représentait une excellente formation. Nous savions que ce serait une bataille chaudement disputé et c’est exactement ce que nous avons eu. »

L’olympienne Geneviève Lacasse, acquise au cours de l’été, n’était pas en uniforme. La gardienne des Canadiennes n’est pas en mesure de débuter la saison. Repêchée en troisième ronde par l’Inferno, la gardienne québécoise Annie Bélanger a agit à titre d’auxiliaire à Alex Rigsby. Bélanger, une graduée de l’Université du Connecticut (UCONN), n’aura pas eu la chance d’évoluer dans sa province natale. On ne peut cependant pas critiquer l’entraîneure Shannon Miller, Rigsby a été spectaculaire.

Les deux équipes croiseront le fer à quatre autres reprises, les Canadiennes se rendront à Calgary les 24 et 25 novembre et l’Inferno reviendra à Montréal au début février.

D’ici là, les montréalaises se préparent à affronter les championnes de la Coupe Clarkson, le Thunder de Markham, le samedi 20 octobre au Complexe Bell de Brossard à 18h00 et le dimanche 21 octobre à l’aréna Michel-Normandin du Complexe sportif Claude-Robillard à 13h30.

Crédit photo : Charles Bussières-Hamel / Eyes on the Prize – Shanna Martin

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