Rob Gronkowski absent du camp volontaire des Patriots | Vincent Filteau

Rob Gronkowski ne participera pas au camp de mise en forme volontaire des Patriots. L’ailier rapproché s’interroge «encore sujet de son avenir», affirme-t-il. Mais la plupart des sources journalistiques de Boston affirment que tout cela n’est qu’une tactique pour améliorer son levier de négociation avec Bill Belichick, une thèse soutenue par les membres de PFW depuis le lendemain du Super Bowl. Or, Belichick est un un directeur général reconnu pour son tempérament grippe-sou quand vient le temps d’épaissir le porte-feuille de joueurs vedettes, mais le propriétaire de l’équipe, Robert Kraft, qui, pas plus tard que la semaine dernière, déclarait à Jeff Howe de Athlétique qu’il ne considérait pas du tout cette situation comme un problème :

«Ce n’est même pas un problème pour moi, dit-il. Honnêtement, j’ignorais que Gronk désirait une augmentation de salaire. Je l’ai appris, comme vous, tous en lisant les journaux. Mais je ne suis pas inquiet. Nous avons une belle relation lui et moi. Nous nous sommes croisés récemment au Gillette. Je fus impressionné par le fait qu’il se présente aussi tard là-bas afin de demeurer en pleine forme pour la saison prochaine» (traduction de l’auteur).

D’emblée, Kraft prend position sur la nécessité de restructurer le contrat de son joueur vedette. En affirmant que cette situation n’est aucunement problématique à ses yeux, il suggère que les Patriots signeront un nouveau chèque à Gronk, qu’aucune autre option n’est envisageable présentement, surtout après la vague de départs causée par l’ouverture du marché des joueurs autonomes. Un tel enlignement de la part du propriétaire risque certainement de déplaire à Bill Belichick qui souhaite toujours établir un rapport de force hautement en sa faveur, lors des négociations de contrat.

 

Or, avec la perte de Brandin Cooks, les Patriots n’auront pas le privilège de négocier serré avec leur meilleure cible offensive, s’ils veulent demeurer une menace dans la AFC, cette saison. Selon le Boston Herald, les négociations entre les deux partis auraient débutées, depuis plusieurs semaines déjà, et tout indique que les Patriots et Gronkowski se dirigent vers un terrain d’entente qui permettra de restructurer le contrat de leur ailier rapproché All-pro, sans compromettre leur marche de manœuvre au niveau du plafond salarial. Celle-ci s’élève présentement à 13.9 M$ après les emplettes de Belichick à l’ouverture du marché des joueurs autonomes et plusieurs besoins des Patriots n’ont toujours pas été comblés : un bloqueur offensif qui pourra remplacer Nate Solder, un receveur de passe numéro un, un ailier défensif qui pourrait insuffler de la vitesse au pass rushing des Patriots, sans oublier un linebacker qui apporterait de la mobilité à leur secondaire.

Bref, les demandes salariales de Gronk surviennent à un moment où Bill Belichick dispose de peu de moyens financiers pour répondre aux besoins criants de son effectif. Les sanctions imposées par le faux-scandale du Deflategate – le retrait des choix première et quatrième ronde au repêchage de 2016 – se font maintenant sentir, alors que les formations offensives et défensives des Patriots ont rarement été criblées d’autant de trous, depuis le début de l’ère «Belichick-Brady». Je veux bien admettre que l’attaque des Patriots n’est pas vraiment matière à inquiétudes avec Gronk et Tom Brady dans le portrait, mais si jamais l’ailier rapproché décidait de ne pas retourner sur le terrain, tant et aussi longtemps que ses demandes ne seraient pas satisfaites, c’est-à-dire s’il décidait de faire sauter la banque, la compétitivité de l’équipe serait sérieusement remise en question.

Cette saison, Gronk touchera un salaire de 8 millions et celui-ci augmentera d’un million supplémentaire, l’an prochain. Selon Karen Guregian du Boston Herald, si les rumeurs s’avèrent fondées, les deux partis pourraient éventuellement s’entendre sur une augmentation qui élèverait le salaire de Gronk à 11-12 millions par année. Ce dernier est probablement conscient du fait que s’il souhaite encore recevoir des passes de Tom Brady pour les deux prochaines saisons, il devra lui aussi mettre de l’eau dans son vin. En d’autres termes, si Belichick est réceptif à l’idée de consentir quelques millions supplémentaires à son joueur menaçant, ce ne sera pas pour lui offrir un contrat beaucoup trop chargé, comme celui que les Browns ont consenti à Jarvis Landry, même si la valeur de Gronk est bien plus élevée. À ce titre, il ne fait pas de doutes qu’un Rob Gronkowski libre comme l’air aurait pu obtenir un salaire de 20 millions par année sur le marché des joueurs autonomes, cette année, mais jouer pour les Patriots exige des sacrifices salariers de la sorte.

À ce stade-ci de la saison morte, les moyens de pression utilisés par Gronk ne mettent pas en péril les Patriots. En fait, ce dernier pourrait même continuer à boycotter les entraînements de l’équipe jusqu’à la fin du calendrier préparatoire, si cette stratégie l’intéresse. Or, si jamais ce dernier décide de suivre le chemin tracé par Emmitt Smith en 1993, lors de sa querelle avec Jerry Jones au sujet de son nouveau contrat, je serais curieux de savoir si nous assisterons à une deuxième intervention du propriétaire Robert Kraft dans la gestion du personnel de l’équipe, en l’espace de quelques mois, si celui-ci oblige Belichick à acquiescer aux demandes de Gronkowski. Et parions que si une telle chose se produit, les circonstances d’une éventuelle querelle seraient beaucoup moins mystérieuses que celles entourant la transaction de Jimmy Garoppolo.

Crédit photo : CBS Boston

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Written by Vincent Filteau
Vincent Filteau est né à Saint-Jean-sur-Richelieu en 1991. Poète, essayiste et journaliste, il a publié dans plusieurs revues et collectifs, depuis une dizaine d'années. Il est (surtout) un passionné du sport.

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