J’ai peu de principes dans la vie – le lecteur habitué à cette chronique ne renversera pas sa sacro-sainte canette de Pabst dans son Pabst Diner gratis en lisant ça – je ne mange jamais de choux de Bruxelles, et j’essaie simplement d’éviter de consommer plus de six O’Keefe tablettes par soirée. J’essaie Ringo, j’essaie vraiment fort… Pas toujours évident par les temps qui courent par contre, surtout si on est, comme moi, adepte du jeu « bois une gorgée chaque fois que Pacioretty effectue un jeu mollasson ». Faut bien se donner de petits défis dans la vie, ça tient alerte, et rester alerte c’est important, surtout avec une carence en fer.
Tiens, un match du CH, une O’Keefe tablette! Faut bien célébrer ça, ça veillera pas tard cette année, et pis ç’aurait pu être pire; coincé dans Le jour de la marmotte avec un seul match à l’horaire ce soir dans, la toute glorieuse, Ligue nationale : Coyotes contre Sabres… Deux clubs en déroute qui vont participer aux séries éliminatoires le jour où les consommateurs de morphine base auront des dents. À vrai dire, ils ont humilié tellement de fans au fil du temps qu’on devrait permettre le port du AR-15 dans ces deux arénas… Oh oh. Mon téléphone sonne; c’est sûrement l’éditeur en chef de LPR. Ne surtout jamais répondre au combiné lorsqu’on démoule un texte Gonzo. #toosoon
Bref! 4 minutes 37 secondes de jouées plus tard; oh elle était bonne celle-là Max, et bien, merci beaucoup, merci! Tsssssshh, 2e O’Keefe…
Au moins y’a toujours les petits jeunes pour rendre le spectacle présentable, Juulsen, Scherbak, Reilly aussi, pour l’instant. On s’ennuie déjà de Mete et de Charles Simard-Hudon mais bon… Tiens, d’ailleurs, il est où Deslauriers!? M’enfin! À défaut d’avoir eu une saison digne de mention à se mettre sous la dent, l’avenir n’est peut-être pas aussi sombre qu’on pourrait le croire. Le Canadien repêchera Brady Tkachuk lors du prochain repêchage, enfin le centre grand format (et hostile) que nous attendons tous depuis belle urètre. Qu’ess tu dis, Monique? C’est un ailier? Ah, ça! Bon.
Rasmus Dahlin, quant à lui, ne viendra donc pas assembler son mobilier Suédois à Montréal, car des équipes telles que Phoenix, et Buffalo justement – ainsi que quelques autres organisations remplient de déchets de vers de boue – parviendront à être encore plus mauvaises que celle du CH. De toute façon, Tkachuk serait un excellent ajout à la charpente de cette attaque encore plus anémique qu’un Dwight King, lendemain de veille, en fin de séquence. Ou, comme le dirait si bien Hunter S. Thompson lui-même : encore plus anémique qu’un troupeau de girafes en train de brouter. Pis, de toute façon, Victor Mete sera fin prêt à jouer aux côtés de Shea Weber, et l’affaire pourrait bien être Ketchup-sans-gluten-ni-gras-trans qu’on vous dit.
Je déteste les samedis, au moins autant que Garfield déteste les lundis. Avec la première période qui s’achève, le plus dur reste à venir. C’est que, voyez-vous, sans notre vaillant capitaine pour dicter le rythme de mon ivresse, je m’en remets à mon deuxième jeu maison : une gorgée chaque fois que Michel Bergeron mentionne Dale Hunter ou Peter Stastny, un shooter de tequila pour Anton, on cale la bouteille pour Marian.
5e O’keefe… La deuxième période s’amorce enfin, la rondelle quitte la main de l’arbitre, chutant tranquillement dans l’abime de mon indifférence. Dubitatif que je suis devant cette mascarade, cette saison qui n’a plus de sens, je me remets aussitôt à écrire des pronostics. 5e O’Keefe, je touche enfin au but, que d’émotions enivrantes derrière cet écran, mais que de fierté aussi ; Bertrand Raymond, Gaston Therrien, faites place grands ténors du journalisme, j’arrive!
Je délaisse ainsi, une fois de plus, la froideur de cette patinoire quelconque, par un quelconque samedi soir. Un quelconque samedi soir qui, tristement, ressemble un peu à n’importe quel autre samedi soir de cette longue saison, cette longue saison qui me saoule. Je me transporte donc à cet été rempli de promesses; nous revoilà au tournois de golf annuel du CH, la communion intime avec la nature, l’extase des sens, un sentiment grisant de liberté, la pelouse d’un verdâtre invitant, l’osmose, quoi. Planté là, fier tel un fanion au milieu du vert, Marc Bergevin se tient droit comme une tige d’acier, le sourire étincelant et l’éclat merveilleux du soleil qui se reflètent sur ses grosses lunettes de plateausard en vadrouille. «On a une meilleure attaque que l’an dernier», lance-t-il. Sauf que plus personne ne rit jaune cette fois, plus personne sauf trois grands gamins, en train de courir et de s’arroser allègrement à grand coups de pistolets à eau dans la poire, trois grands gamins : Price, Weber, et Tavares – fraîchement signé! Montréal est de retour du bon côté de sa bipolarité, la vente de chaises pliantes atteint des sommets inégalés, les compagnies d’antidépresseurs mettent la clé dans la porte…
C’était pourtant écrit dans le ciel, et ça ne prenait pas la tête à Dave Morissette pour la voir venir celle-là. Même Jean-Maurice n’a pas eu besoin de se la faire susurrer à l’oreille par le Shaman indien du Journal le Metro.
Je vous explique :
Tournez la présente saison comme vous voulez, mais sachez que le plan Molson-Bergevin est de signer le prolifique patineur, et ce, depuis le jour un de l’entre-saison dernier. Bien sûr que Carey Price et Shea Weber sont au courant; Weber est d’ailleurs la carte cachée de toute cette opération. Le Shea, commandant incontesté de Team Canada; tout le monde veut jouer avec lui, même Sidney Crosby paie la note du déjeuner lorsque qu’il est à la table. Il y a donc eu maraudage, et le clan Tavares sait d’ores et déjà que le Canadien sortira le chéquier cet été afin de s’offrir ses services de mercenaire de luxe, GFE pis toute. Tsé, l’organisation ne prendrait pas le risque de sacrifier une saison si elle n’était pas certaine de son coup. Du moins pas dans le contexte.
Rappelez-vous, malgré un manque d’attaque historique, le Tricolore est tout de même passé bien prêt d’éliminer les Rangers l’an dernier. N’eut été de cette léthargie du capitaine, qui sait jusqu’où nous aurions pu aller? Marc Bergevin avait un club qui était bien près de pouvoir aspirer à de grandes choses; les fans étaient confiants, la Molson allait être bonne cet été! Et pis pourtant, l’homme aux costumes pourpres, le grand-manitou-qui-manie-tout, laisse alors partir Radulov et Markov, sans rien opérer comme manœuvre afin d’améliorer l’équipe. Le DG possédait énormément de place sur sa masse salariale, mais, rien n’y fit, l’échiquier du club allait rester aussi dégarni que le crane de son entraineur chef. On va se le dire, dans un marché comme celui de Montréal, ce parcours est complètement insensé. Tellement absurde que, en y pensant bien, c’est carrément impossible.
C’est précisément cet incroyable plan qui fait si mal paraître la direction du CH devant les médias. Cette théorie explique aussi le fait qu’il n’y ait pas eu de réelle reconstruction. Bon, Plekanec a finalement quitté – deux mois de stages sur une quatrième ligne à Toronto, un après-midi avec Isabelle Boutin, le temps de magasiner de nouveaux col-roulés et de se faire métamorphoser la pilosité faciale – mais aucun Paciorety ne fut échangé, ni de Galchenyuk non plus. Comment expliquer que Marc Bergevin soit encore en poste, ou sinon qu’on ne semble pas faire grand cas du fait que les billets pour un match du CH semblent maintenant encore moins désirable qu’un stage en savoir vivre avec Gilbert Rozon?
On sait bien au 7e étage, qu’avec le beau temps qui s’amène, les hirondelles reviendront au nid. Pas vu, pas pris. Faut bien se donner de petits défis dans la vie, ça tient alerte, et rester alerte c’est important, surtout avec une en carence au centre.
HHHHRRRRRRNNNNNNNNNNNGGGG!
Parlant de rester alerte, la sirène signalant la fin du match me tire de mes rêveries, je me penche pour récupérer ma dernière O’Keefe, la caisse est vide… Je croyais pourtant n’en avoir bu que 5… Je vais devoir lui donner le bénéfice du coude à celle-là. Un bras secourable me tend une Pabst, ça devrait le faire. Ah tient! Deslauriers! C’est là que t’étais vieux! Hey! Nic, tu sais que cette année Las Vegas remportera la Coupe en sept matchs face aux Penguins de Pittsburgh? Fleury contre ses anciens coéquipiers, le Conn Smythe, pis toute! Au baseball, les Yankees vont remporter la Série Mondiale, mais on apprendra ensuite que Stanton et Judge doivent se retirer du monde sportif car ils ont partagé la même seringue souillée – vitamines Barry-Bond-esques – et qu’ils ont choppé un Magic Johnson dans le bras. Nic!?
Montage photo : Éric Lamoureux-Petrin
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