Après neuf parties, le Canadien de Montréal déjoue tous les pronostics avec une fiche de 5-2-2, le plaçant côte à côte avec les puissants Maple Leafs de Toronto et Bruins de Boston. Plusieurs facteurs expliquent ce départ inattendu, mais le fameux changement d’attitude prôné par le directeur général, Marc Bergevin, englobe la majorité des points positifs qui donnent des ailes au Tricolore jusqu’à date.
L’on aurait dit qu’une bonne partie de l’entraînement estival des Glorieux consistait à analyser le style de jeu fougueux de Brendan Gallagher et de tenter de le dupliquer sur la glace. Peu importe leur salaire ou leur rôle dans l’équipe, tous les hommes de Claude Julien mettent la main à la pâte en territoire hostile en travaillant plus que jamais avec la bande et en bourdonnant autour du filet adverse.
Ce mélange harmonieux de hargne et de vitesse donne bien des maux de tête aux autres équipes du circuit Bettman, jusqu’à date. Cette nouvelle identité s’inscrit parfaitement dans la nouvelle LNH, où la vitesse et le talent sont de mise. Le groupe d’entraîneurs en place semble donc avoir réussi avec brio à adapter leur équipe à l’époque contemporaine. Il y a cependant un bémol.
À quatre reprises cette saison, l’on a tenté de modifier le système de jeu en place à mi-chemin dans une rencontre afin de protéger une avance. La fiche du CH en pareille circonstance : 3-1-1. Pas si pire, non?
Toutefois, le Canadien se brûlera s’il continue de jouer avec le feu : avec une mince récolte de quatre buts en troisième période au total, il se retrouve au dernier rang de la ligue. Le voilà, le problème : en tentant de fermer le jeu à chaque fois qu’il a l’avance après quarante minutes de jeu, l’attaque n’est jamais valorisée. Julien est reconnu depuis ses débuts comme un entraîneur-chef au style de jeu défensif et il est compréhensible qu’il cherche à responsabiliser son jeune groupe d’attaquants. La moyenne d’âge du groupe d’avants qui affrontait les Sabres de Buffalo hier ne frôlait même pas la barre des 25 ans et du lot, seuls Paul Byron et Philip Danault sont en tout temps polyvalents sur 200 pieds.
N’étant pas dans le vestiaire à l’entracte, il est impossible de deviner le message qui est passé aux joueurs mais contre les Red Wings, les Penguins, les Senators, les Flames et les Sabres, une baisse considérable de l’agressivité en échec avant et de l’implication des défenseurs en zone offensive est nettement observable. En tentant de réduire le nombre de chances de marquer adverses avec un style hermétique, les Canadiens semblent seulement jouer sur les talons.
Un nivellement de l’identité du bleu-blanc-rouge est donc nécessaire. Le Tricolore ne peut pas avoir la bonne attitude deux périodes sur trois seulement. À force de vouloir protéger ses avances à la place de les agrandir, il épuisera sa chance et les rondelles arrêteront de rouler de son côté.
Contre les Flames, mardi, si ce n’était pas des prouesses de Carey Price, un deuxième écart positif consécutif aurait été bousillé en fin de rencontre. Hier, malgré une bonne performance d’Antti Niemi, les Glorieux ont dû courber l’échine devant des Sabres coriaces alors qu’ils menaient à trois reprises dans la rencontre.
Dans la foulée de ces observations, l’on peut déduire que Nicolas Deslauriers et Andrew Shaw, qui ne sont tout de même pas de mauvais joueurs, n’ont plus leur place dans le nouveau CH. Ce dernier a d’ailleurs écopé de plusieurs pénalités inutiles alors qu’il avait peine à rattraper ses adversaires. Pendant ce temps, Charles Hudon et Nikita Scherbak attendent patiemment leur tour dans les estrades…
Des changements systémiques devraient donc être envisagés par Claude Julien et son équipe, sans quoi l’on pourrait bien rapidement retrouver l’équipe décousue qui s’est retrouvée dans les bas fonds de la LNH, l’an dernier.
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