John Tavares ne viendra pas à Montréal, c’est officiel. Lui et son agent Pat Brisson ont fait connaître une liste d’équipes avec lesquelles ils amorceront des discussions en vue de la signature d’un contrat quelques minutes après midi, le 1er juillet. Ne serait-il pas aberrant que le sauveur tant attendu se retrouve chez les éternels rivaux de Boston ou de Toronto?
Maintenant que cela est dit, Marc Bergevin devra se retrousser les manches et travailler d’arrache-pied pour présenter une équipe compétitive pouvant donner de l’espoir aux partisans. Le fameux “reset” dont parlait le directeur-général est-il encore possible alors que le meilleur attaquant disponible ne portera pas le chandail tricolore? Optera-t-il pour un plan de transition ayant pour nom Paul Stastny? Ce dernier représente probablement la meilleure alternative au centre sur le marché des joueurs autonomes.
Paul Stastny, le fils du grand Peter
Ce choix de deuxième ronde en 2005 (44e au total) a fait une entrée remarquée dans la grande ligue récoltant 78 points à sa saison recrue avec l’Avalanche en 2006-2007. Il récidive avec 71 en 2007-2008. À sa troisième année, il ne dispute que la moitié de la saison mais obtient tout de même 36 points. En 2009-2010 il connaît sa meilleure campagne en carrière avec 20 buts et 59 passes. Depuis sa production s’est stabilisée autour de 50 points. Paul Stastny aura 33 ans au camp d’entraînement.
Stastny profitera d’un marché où les joueurs de centre de qualité se font rares pour obtenir un dernier contrat lucratif. Son salaire en 2017-2018 comptait pour 7 millions sur la masse salariale. Il n’est pas impossible de croire qu’il restera autour de ce montant et ce pour plusieurs saisons. Le Canadien sur-payera pour obtenir ses services et devra vivre avec les conséquences à la fin de l’entente. On devra gérer la régression et lui confier des missions défensives comme on l’a fait avec Tomas Plekanec. À sept millions de douleurs (ou plus) en 2022, les partisans trouveront que cela est cher payé pour un joueur de troisième trio.
L’américain représente un joueur fiable avec un ratio de +19 en carrière. Si l’on exclut la saison écourtée de 2012-2013, il joue en moyenne 71 matchs par saison donc rarement blessé sérieusement. Dans le meilleur des scénarios, il obtiendra une vingtaine de buts et 50 à 55 points à ses premières années à Montréal. Avec le départ probable de Pacioretty et celui de Galchenyuk, Paul Stastny s’ennuiera de Patrick Laine et Nikolaj Ehlers avec qui il évoluait il y a quelques semaines à peine. Il aura la pression de porter l’attaque montréalaise. Est-ce un défi qui l’intéresse? Au moins il a daigné écouter les doléances de Marc Bergevin lui …
Existe-t-il d’autres options?
La voie des transactions est envisageable, le nom de Ryan O’Reilly circule dans les rumeurs. Plus jeune que Paul Stastny, il cadrerait bien dans l’approche « reset » prônée par Marc Bergevin. Le point négatif est que l’on devra sacrifier des actifs et le CH n’en possède pas des tonnes.
En terme de joueur de centre offensif, Tyler Bozak représente le plan C. À 32 ans, il pourrait offrir une cinquantaine de points si les astres s’alignent parfaitement. Bozak profitera lui aussi d’un marché favorable pour monnayer sa valeur et obtenir un dernier long et lucratif contrat. Si Marc Bergevin ne veut pas se menotter à long terme, Valtteri Filpula et Joe Thornton demeurent des options pour le Bleu-Blanc-Rouge. À noter qu’il est peu probable que Jumbo Joe quitte le chaud soleil de la Californie pour les froids hivers montréalais où les séries éliminatoires ne sont qu’une utopie, mais peut-on rêver un peu?

Brendan Gallagher pourrait bien être le meilleur ailier du CH si rien ne change.
Comme les options centre sont peu nombreuses, doit-on envisager se renforcer sur les ailes? Au bout du compte, Montréal a besoin de trouver des buts. En fin de saison 2017-2018, on pensait voir Max Paccioretty, Alex Galchenyuk, Brendan Gallagher, Paul Byron, Artturi Lehkonen, Charles Hudon, Nikita Sherback et Nicolas Deslauriers évoluer le long des bandes en octobre prochain. Sans être un alignement exceptionnel, il s’agissait d’un corps respectable avec le potentiel de s’améliorer avec l’arrivée d’un joueur de centre de qualité.
Maintenant que Galchenyuk est rendu dans le désert de l’Arizona et que le départ du capitaine semble imminent, il faudra se croiser les doigts pour que les autres améliorent leurs statistiques. Gallagher connaîtra-t-il une autre saison du tonnerre? Max Domi n’est pas reconnu comme un compteur mais apportera une dose d’énergie et de combativité. Si rien ne change, les soirées au Centre Bell risquent d’être longues et ternes. Le CH devra fermer le jeu et compter sur un Price en grande forme pour gagner ses matchs 2 à 1.
On ne retrouve peut-être pas une super vedette comme John Tavares parmi les ailiers disponibles mais il y a des options intéressantes pour des équipes à la recherche d’un complément offensif. Voici quelques candidats (Nom, âge, buts et points potentiels, impact salarial en 2017-2018) :
James Neal 30 ans, 25 buts, 45 points, 5M
James Van Riemsdyk 29 ans, 25-30 buts, 55-60 points, 4,25M
David Perron 30 ans, 20 buts, 50 points, 3,75M
Michael Grabner 30 ans, 25 buts, 40 points, 1,65M
Aucun ne portera le poids de l’offensive sur ses épaules dans une bonne équipe de la LNH. Comme c’est le cas à chaque marché des joueurs autonomes, ils recevront plus d’argent qu’ils n’en méritent vraiment. Il en faudra probablement encore davantage pour les attirer dans la métropole québécoise. Marc Bergevin possède peu d’arguments pour les convaincre. L’espoir d’un long parcours en séries dans les prochaines années et la présence de centres de qualité pour les faire produire ne sont pas applicables.
L’équipe de Geoff Molson présente de nombreuses lacunes, en plus de celles en attaque, il faut régler le problème du côté gauche en défensive. Il est impératif de trouver un collègue pour Shea Weber sur la première paire. Si l’équipe est pour éprouver des problèmes en attaque, il faudra réussir à bien se défendre. Même si Price est l’un des meilleurs de sa profession, il serait injuste de lui demander de sauver la saison à venir à lui seul.
Avec les rumeurs qui s’intensifient comme de quoi Jack Johnson s’en irait chez les Penguins, les options de qualité se font rares. Le directeur-général montréalais pourrait se tourner vers un ex-Insulaires en Calvin De Haan. Ce choix de première ronde en 2009 n’a que 27 ans, il ne représente pas un grand risque sur un contrat de 4 à 6 ans. Incapable de s’entendre à long terme avec les Islanders l’été dernier, il prend le pari de signer un contrat d’un an à 3,3 millions. Malheureusement une blessure a écourté sa saison à 33 matchs. Une chose est sûre, même si Marc Bergevin venait qu’à l’attirer à Montréal en le sur-payant, il ne pourrait pas faire pire que Karl Alzner.

Calvin De Haan s’avère un partenaire potentiel pour Shea Weber.
L’autre nom qui risque de circuler : Ian Cole. Les Blue Jackets ont décidé de ne pas conserver ses services. Le défenseur de 29 ans évoluait avec les Penguins au cours des dernières années et a joué un rôle important dans les deux conquêtes de la Coupe Stanley. Il s’agit d’un défenseur fiable qui seulement deux fois dans sa carrière a affiché un ratio négatif. Il risque de ne pas être assis dans la bonne chaise à Montréal en occupant une place sur la première paire de défenseurs mais honnêtement, à part De Haan, le CH a-t-il d’autres options?
En date du 28 juin, les Canadiens ont une marge de manoeuvre de 18,6 millions sous le plafond salarial. Est-ce une raison de tirer l’argent par les fenêtres en allant s’accoter dans la toiture? Se laisser un 5 à 6 millions pour bouger à la date limite des transactions ou lors de l’entre-saison 2019 apparaît plus sage pour une équipe qui ne remportera certainement pas le trophée de Lord Stanley au printemps prochain.
Pas de reconstruction … une transition!
À court terme, le Canadien manque cruellement de talent dans sa banque de jeunes joueurs. Marc Bergevin parle régulièrement de l’importance de la profondeur. Son équipe en possède… pour les troisième et quatrième trios ainsi que pour les défenseurs cinq et six. Jacob De La Rose, Kerby Rychel et Michael McCarron devraient occuper des postes de soutien et jouer à la chaise musicale pour une place sur la galerie de presse. Charles Hudon et Nikita Sherback représentent les seuls espoirs avec un potentiel offensif pouvant contribuer à court terme.
Bien que Charles Hudon puisse jouer au centre, il est peu probable qu’il pivote un des deux premiers trios en 2018-2019. Si Bergevin ne réussit pas à signer ou à transiger pour un centre de premier plan, Jonathan Drouin et Philip Danault seront les candidats retenus par Claude Julien.
Trevor Timmins et son équipe de recruteurs ont mis beaucoup d’emphase sur cette position lors des derniers repêchages mais aucun n’aura un impact offensif lors des deux prochaines saisons. Parmi Jake Evans, Lukas Vejdemo, William Bitten, Joni Ikonen, Ryan Poehling, Jesperi Kotkaniemi et les autres, il y en a certainement un qui réussira à s’imposer. Le Canadien a peut-être des problèmes de développement, la loi de la moyenne joue en sa faveur.
L’arrivée de Joël Bouchard ne devrait pas nuire. L’Armada encadrait bien ses joueurs et Bouchard a toujours prêché par l’éthique de travail et une préparation impeccable. Un passage par Laval contribuera à leur développement professionnel. Une fois à Montréal, la présence de Dominic Ducharme comme assistant devient un plus pour les jeunes et facilitera leur intégration.
Le futur, c’est maintenant!
L’État-major du Canadien craint le mot reconstruction comme la peste, impossible d’envisager cette possibilité à Montréal. L’équipe doit être juste assez compétitive pour espérer se qualifier pour le tournoi printanier, c’est le minimum requis. En conséquence on fait du surplace et on ne progresse pas. Le “reset” n’arrivera pas, le sauveur Tavares ne portera pas le Bleu-Blanc-Rouge en octobre et les chances de voir débarquer O’Reilly sont quasi-inexistantes. Alors il reste l’option de la transition en confiant le poste de centre numéro un à un vétéran surpayé : Paul Stastny ou Tyler Bozak. Cela en attendant que l’un des nombreux prospects à cette position puisse prendre le relai.
Ne sera-t-il pas trop tard dans trois ans pour les piliers de l’équipe comme Weber, Price, Petry et Gallagher? La transition passera aussi par le développement d’une bonne première paire de défenseurs afin que Weber puisse reculer sur la deuxième et garder une certaine utilité malgré qu’il aura ralenti. Mais ça, c’est un autre problème, le futur au hockey c’est la semaine prochaine, pas dans trois ans.
Crédit photo : Winnipeg Free Press / Hockey Writers / Habs Eyes on the Prize
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