Cinq faits marquants de la saison des Canadiennes | Charles Bussières-Hamel

À quelques heures des séries dans la Ligue Canadienne de Hockey Féminin, qui culminent par le match de la Coupe Clarkson le dimanche 24 mars 2019 au Coca-Cola Center de Toronto, il est temps de dresser un bilan de la saison régulière des Canadiennes de Montréal. Campagne haute en rebondissements, nous vous présentons cinq faits marquants de l’année 2018-2019.

1- L’entre-saison – été/automne 2018

À la mi-septembre, l’organisation annonce que plusieurs joueuses régulières, douze pour être précis, ne reviennent pas en 2018-2019.

Marion Allemoz, Lore Baudrit, Nachi Fujimoto et Erin Noseworthy poursuivront leur carrière sous d’autres cieux.

Les défenseures Natalie Barrette et Laurence Beaulieu optent pour la retraite malgré des performances encourageantes à leur saison recrue. L’attaquante de deuxième année Kayla Tutino prend la même décision.  

Incapable de se remettre complètement d’une commotion cérébrale, Cassandra Poudrier fut contrainte d’accrocher ses patins à seulement 25 ans. En décembre dernier, elle affirmait à La Première Ronde qu’elle s’est assez rétablie pour vaquer à ses occupations quotidiennes mais qu’au moment de fournir un effort physique soutenu, certains symptômes réapparaissent.

Noémie Marin se concentre maintenant sur ses fonctions d’entraîneure. Elle s’est retiré suite à une prolifique carrière dans la LCHF.

Gagnante de quatre coupes Clarkson, meilleure buteuse de l’histoire de la LCHF et sixième pointeuse de la saison 2017-2018 avec 31 points en 26 matchs, Noémie Marin se concentre maintenant sur ses fonctions d’entraîneure-chef de l’équipe féminine du Collège John Abbott. Elle fût nommée aux mêmes fonctions pour l’équipe Québec féminine qui remporta la médaille d’argent aux jeux du Canada en février dernier à Red Deer.

Deux autres vétéranes tirent leur révérence : Cathy Chartrand, la meilleure pointeuse chez les défenseures dans la LCHF et gagnante du titre de défenseure de l’année en 2017-18 et Emmanuelle Blais, quatre fois gagnantes de la coupe Clarkson.  

Pour pallier aux nombreux départs, la directrice-générale Meg Hewing a puisé parmi toutes les options qui s’offraient à elles. Tout d’abord au niveau de la relève, sept joueuses repêchées en 2018 ont joué au moins douze matchs cette saison.

La DG réalise un coup fumant par l’acquisition de l’attaquante Jillian Saulnier et de la gardienne Geneviève Lacasse via une transaction avec l’Inferno de Calgary. Ces deux joueuses, âgées respectivement de 27 et 30 ans, sont au sommet de leur carrière et d’importantes contributrices aux succès de l’équipe nationale.

À la surprise générale, Hilary Knight accepte de revenir avec les Canadiennes suite à un passage au succès mitigé en fin de saison 2017-2018. L’américaine estimait que la formation montréalaise présente le meilleur environnement pour la poursuite de sa carrière. C’est la possibilité d’évoluer avec des joueuses talentueuses dans une ligue où le calibre de jeu est élevé qu’ils l’ont convaincue.

Retenues par leurs obligations olympiques les attaquantes Mélodie Daoust et Marie-Philip Poulin ainsi que la défenseure Lauriane Rougeau s’amènent en renfort. Rougeau avait disputé les deux derniers matchs de la saison 2017-18 ainsi que les deux en séries. Dans une défensive jeune et renouvelée, l’expérience, la fiabilité et la stabilité de son jeu s’avère un apport indéniable.

2- Démission surprise de Dany Brunet

Fin novembre 2018, quelques heures avant un voyage à Calgary, les Canadiennes annoncent que leur entraîneur-chef quitte ses fonctions pour des raisons personnelles. Les sources consultées autour de l’équipe à ce moment confirment qu’il s’agit d’une surprise, personne ne l’avait vu venir.

On peut affirmer avec certitude que ce n’est pas à cause des performances de l’équipe. Au moment de quitter, les Canadiennes présentent une fiche de 7 victoires et 1 défaite. Dany Brunet est l’entraîneur le plus victorieux dans la LCHF et a mené son équipe à la victoire de la coupe Clarkson en 2017.

L’organisation décide de le remplacer par comité. Agissant comme consultante et entraîneure technique, la jeune retraitée Caroline Ouellette accepte de prendre la relève à pied levé. Ouellette mentionnait avant les Fêtes que devenir l’entraîneure-chef des Canadiennes représentaient un objectif de carrière. L’opportunité s’est présentée plus rapidement que prévu. L’ex-numéro 13 ayant d’autres engagements au courant de l’hiver, Meg Hewing a fait appel à Danièle Sauvageau pour former un duo d’entraîneures. Il s’agit d’un retour derrière un banc pour celle qui est directrice-générale du programme de hockey féminin à l’Université de Montréal.

3- L’émergence d’Emerance Maschmeyer

En 2017-2018, plusieurs ont découvert une jeune gardienne acquise de l’Inferno de Calgary. Emerance Maschmeyer obtient la chance d’être numéro un devant le filet des Canadiennes et ne déçoit pas avec une fiche de 18-4-1, une moyenne de 1.78, une efficacité de ,920 et six blanchissages. Elle récidive cette année en présentant des statistiques tout aussi impressionnantes : 15 victoires, 4 défaites et 1 défaite en temps supplémentaire, une moyenne de 1,45, l’efficacité à ,935 et 4 blanchissages.

Ses performances lui permettent d’être invitée par Hockey Canada à porter les couleurs de l’équipe nationale lors de la coupe des Quatre Nations en novembre et lors de la Série Rivalité en février. Peu utilisée lors des deux compétitions, elle fait belle figure lorsque l’opportunité se présente. Elle participera aux championnats du monde en avril prochain. 

Si Maschmeyer poursuit son développement au même rythme, elle s’établit comme une candidate incontournable pour obtenir le filet lors des Olympiques de Pékin en 2022.

Pour des raisons de logistique, les équipes de la LCHF jouent constamment deux matchs en moins de 24 heures et on constate que la majorité divise le travail devant le filet. Pour seconder Emerance Maschmeyer, qui a joué 23 des 28 matchs en 2017-18 et 20 des 28 cette année, Montréal a mis la main sur la vétérane gardienne Geneviève Lacasse. Malheureusement cette dernière s’est blessée lors du camp estival de l’équipe nationale et n’a joué que quatre matchs cette saison. Les quatre autres furent confiés à Marie-Soleil Deschênes qui les a tous remportés dont deux par blanchissage.

4- Poulin et Bettez sonnent la charge

Avec les départs de Noémie Marin, Caroline Ouellette, Cathy Chartrand et Kayla Tutino, on pouvait questionner une baisse potentielle de l’offensive montréalaise. Et bien Ann-Sophie Bettez et Marie-Philip Poulin ont pris les choses en main.

Véritable menace offensive, Ann-Sophie Bettez se voit récompensée à 31 ans avec une place au sein de l’équipe nationale.

Bettez a encore une fois connu une saison exceptionnelle offensivement avec 48 points (18 buts et 30 passes) en 26 parties. Ses performances lui valurent le deuxième rang des pointeuses dans la LCHF et une participation aux matchs des étoiles. En sept saisons, elle présente une impressionnante récolte de 264 points en 169 matchs et un différentiel de +185. Ignorée par Hockey Canada depuis 2010, Ann-Sophie Bettez obtient une deuxième chance à 31 ans. Elle a participé à la série rivalité en février dernier et fait partie des joueuses sélectionnées pour les championnats du monde en avril.

Celle que l’on désigne comme la « Sydney Crosby” du hockey féminin, Marie-Philip Poulin, a dominé la Ligue Canadienne de Hockey Féminin avec 23 buts, 27 passes et 50 points en seulement 26 matchs. La capitaine de la formation montréalaise pivote de main de maître le premier trio. En 71 parties dans la ligue, elle compte 133 points. On pourrait penser que Poulin joue depuis longtemps et que ses meilleurs jours sont derrière elle… et bien probablement pas! La numéro 29 aura seulement 28 ans à la fin du mois. Tous se souviennent des deux buts qu’elle a marqué en finale à Vancouver en 2010 alors qu’elle n’avait que 18 ans. Une étoile était née!

D’autres se sont aussi démarquées offensivement : Jillian Saulnier (29 pts en 20 matchs) et Mélodie Daoust (20 pts en 14 matchs). Les deux furent ennuyées par des blessures au poignet et au genou respectivement.

Il faut aussi noter l’excellente campagne de la défenseure Erin Ambrose qui a obtenu 6 buts, 18 passes en 26 matchs. Véritable quart-arrière du jeu de puissance (7 points), elle se démarque par sa vision de jeu, ses passes précises et son aisance à relancer l’attaque. En défensive, elle ne présente aucun risque pour ses entraîneures avec un différentiel de +24.

5- Calgary était encore plus fort …

Fidèles à leur habitude, les Canadiennes ont connu une remarquable saison régulière avec 43 points acquis via 21 victoires et une défaite en fusillade. Ce ne fut pas suffisant pour s’approprier la tête du classement. Les grandes rivales, l’Inferno de Calgary, dominèrent totalement la campagne 2018-19 en récoltant 47 points (23-4-1).

Les deux formations se sont affrontées à six reprises, Calgary a eu le dessus avec quatre victoires et deux défaites. Le classement final s’est jouée là.

Les Canadiennes n’ont peut-être pas terminé au sommet, elles ont dominé tant en offensive qu’en défensive présentant un différentiel de +73. Les montréalaises ont été plutôt chiches du côté des buts accordés avec un maigre total de 45 en 28 sorties. On s’est payé la traite en attaque en comptant 118 buts, une moyenne de 4,2. En comparaison, l’Inferno a inscrit 111 buts et en a accordé 54, un ratio positif de 57.

Statistique intéressante : aucune joueuse portant le tricolore a affiché un différentiel négatif.

Place aux séries!

Tout comme en 2018, le Thunder de Markham s’amène dans la métropole. Les deux équipes s’affrontent cette fin de semaine dans un deux de trois. L’an dernier, le Thunder avait éliminé les Canadiennes en deux matchs et deux semaines plus tard il soulevait le précieux trophée.

Ce fut une saison en dents de scie pour les championnes avec une récolte de 30 points, soit 13 de moins que les Canadiennes. Bien que Markham vient de remporter le dernier match de la saison à Montréal, le momentum n’est pas de leur côté. La fiche lors des dix derniers matchs n’est pas très reluisante : 4-5-1. Les Canadiennes ont gagné quatre des six confrontations cette année.

À surveiller chez le Thunder

Jamie Lee Rattray (12b-13p-25pts) se démarque par sa hargne et son intensité, elle représente le prototype parfait de la leadeuse par ses actions. Elle fut nommée joueuse de l’année en 2017-2018 par ses pairs. La jeune ontarienne, fraîchement sortie de Boston University, Victoria Bach (19b-13p-32pts) a connu une saison recrue exceptionnelle en terminant au quatrième rang des pointeuses de la LCHF. Les défenseures des Canadiennes devront l’avoir à l’œil constamment. L’an dernier, Jenna McParland (10b-6p-16pts) a ruiné les espoirs des Canadiennes lors du deuxième match avec son tour du chapeau dans une victoire de 4-1.

Nommée joueuse de l’année en 2017-18 par ses pairs, Jamie Lee Rattray représente le coeur et l’âme du Thunder de Markham.

En défensive, le Thunder compte sur deux piliers, des habituées de l’équipe nationale qui ont participé aux olympiques de PyeongChang et qui seront en Finlande en avril : Jocelyne Larocque et Laura Fortino.

Devant les filets, Markham compte sur la vétérane de cinq saisons Erica Howe. À l’image de son équipe, elle présente des statistiques acceptables : 9 victoires, 8 défaites, 1 défaite en fusillade. Sa moyenne s’élève à 2,56 et son efficacité à ,924. Elle a connu des séries 2018 exceptionnelles en remportant les 3 matchs et en présentant une moyenne à 0,89 et un taux d’arrêts à 96,3%. Howe fut sans contredit une contributrice importante dans la conquête coupe Clarkson.

Voici l’horaire de la série :

Vendredi 8 mars 19h30 à la Place Bell de Laval (glace communautaire)

Samedi 9 mars 18h00 au Complexe Bell de Brossard

Dimanche 10 mars 13h30 au Comple Bell de Brossard *si nécessaire

A l’autre bout du pays, l’Inferno de Calgary reçoit les Furies de Toronto dans l’autre série. Toronto s’est qualifiée lors du dernier week-end d’activité en devançant le KRS Vanke Rays de Kunlun au bris d’égalité. Les deux équipes ayant obtenu 28 points, il a fallu départager avec les victoires en temps régulier (14 vs 13).

Les vainqueurs s’affronteront le dimanche 24 mars au Ricoh Center de Toronto pour l’obtention de la Coupe Clarkson.

Crédit photo : Les Canadiennes – The CWHL / The Ice Garden / Habs Eyes on the Prize / Pension Plan Puppets

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *