Pendant que le Rocket de Laval en avait plein les bras avec les Marlies de Toronto à la Place Bell, les Canadiennes étaient les hôtesses du Furies de Toronto à l’aréna Michel-Normandin. Après une victoire convaincante de Montréal de 8-3 la semaine dernière, on pouvait s’attendre à une solide performance de Toronto samedi. Il en fut tout autrement. Encore une fois le Tricolore paraissait beaucoup trop fort.
Poursuivant sur leur lancée, les Canadiennes ont inscrit trois buts lors du premier engagement. Ann-Sophie Bettez a ouvert la marque en comptant dans un cinquième match consécutif. Kim Deschênes et Cassandra Poudrier ont marqué les deux autres. Jessica Platt a ramené l’espoir du côté du Furies en fin de première en trompant la vigilance de Emerance Maschmeyer.
Toronto a resserré son jeu en deuxième période pour limiter les chances de compter de leur adversaire. Les Canadiennes sont demeurées en contrôle du match, gardant la possession de la rondelle et passant beaucoup de temps dans la zone du Furies. La marque est restée inchangée jusqu’en fin d’engagement quand Emmanuelle Blais a inscrit son premier filet de la saison.
Toronto était totalement dominé dans ce match et les joueuses ont clairement démontré des signes de frustration avec des coups vicieux. D’ailleurs Michelle Saunders a écopé d’une inconduite de match pour coup à la tête. Puis pendant l’avantage numérique Brittany Zuback a dardé Sarah Lefort, geste qui n’a pas échappé à l’attention des arbitres qui ont décerné un cinq minutes à Zuback. Profitant du double avantage numérique, Noémie Marin porte la marque à 5-1.

Dany Brunet après le match de samedi, frustré du comportement de Toronto : « On a pesé sur la pédale et on a envoyé nos joueuses pour les claquer. »
Dany Brunet n’a pas apprécié l’attitude du Furies en fin de match et dès la reprise du jeu, il a envoyé cinq attaquantes pour poursuivre le 5 contre 3. Il expliquait son geste après le match : « Oui j’ai forcé, habituellement à cinq buts d’écart on est respectueux, on lève le pied et on joue un peu tout le monde. Les gens qui ne sont pas respectueux envers nous, on ne le sera pas envers eux. On a pesé sur la pédale et on a envoyé nos joueuses pour les claquer. » Les montréalaises ont compris le message de l’entraîneur car elles ont inscrit deux autres buts lors de ces avantages numériques pour porter la marque finale à 7-1.
Les joueuses des Canadiennes avaient des appréhensions différentes en vue du match du lendemain. Maschmeyer mentionnait qu’elle s’attendait à ce que les torontoises reprennent la même tactique : « À la fin de la partie, ça devenait très physique. Je crois que c’est de cette manière que ça va commencer. Nous devrons gérer nos émotions et ne pas se faire prendre avec ce qui se passe derrière le jeu. Elles auront quelque chose à prouver. » De son côté, Emmanuelle Blais voyait les choses différemment : « Honnêtement, je me mets à leur place pis je voudrais juste nous défoncer c’est sûr. Ça fait deux matchs que c’est difficile pour eux, je pense qu’elles vont mettre ça de côté parce qu’elles voient que ça ne fonctionne pas. Ça va être dangeureux si elles s’y mettent, ce sont de bonnes joueuses. »

Kim Deschênes a connu un excellent match samedi contre Toronto avec 2 buts et 2 passes.
Nommée première étoile du match avec une performance de deux buts et deux passes, Kim Deschênes donnait beaucoup de crédit à ses collègues de trios. Selon elle, la chimie commence à se développer : « Ça fait deux, trois matchs qu’on joue ensemble. Ça été une question de temps de se retrouver sur la glace. Aujourd’hui je pense qu’on a montré qu’on se voit bien sur la glace et qu’on est capable d’avoir un bon momentum. » De plus, Deschênes considère que pour les succès des Canadiennes, une contribution offensive des quatre trios est nécessaire : « Nos première et deuxième lignes ont eu leurs chances, y manquait un petit centimètre des fois. Tout était là aujourd’hui et ça juste adonner qu’on a été capable de la mettre dedans. En même temps, il ne faut pas toujours se fier à la première ligne, faut que les autres soient capables de marquer dans un match comme celui-là. »
La deuxième étoile, la collègue de trio de Kim Deschênes, Emmanuelle Blais a pour sa part obtenu un but et une passe. La défenseure Cathy Chartrand a poursuivi sur sa lancée en ajoutant deux passes à sa fiche tout en disputant un solide match en défensive. Cette performance lui a valu la troisième étoile.
La gardienne Emerance Maschmeyer a bloqué 17 des 18 lancers en sa direction. Dans un match où elle fut peu occupée, elle mentionnait : « Ces parties sont intéressantes, ça prend un état d’esprit différent. Tu ne reçois pas beaucoup de lancers, mais ceux que tu reçois sont de bonnes chances de marquer. Pour moi, j’essaie de faire le prochain arrêt et de rester dans le moment présent. »
Connaissant un début de saison difficile, l’entraîneur du Furies Jeff Flanagan a tenté de provoquer une étincelle en envoyant Amanda Makela devant le filet. Cette dernière obtenait son premier départ contre son ancienne équipe. En 2016-2017, Makela agissait à titre de troisième gardienne des Canadiennes. Elle n’avait cependant pas obtenu de temps jeu, Charline Labonté et Catherine Herron s’étant partagé les départs.
Le Furies présente un visage différent par rapport à l’an dernier. Trois joueuses importantes, Natalie Spooner, Renata Fast et Erin Ambrose, sont présentement avec l’équipe nationale. La gardienne Christina Kessler a pris sa retraite et deux joueuses ont quitté pour la National Women Hockey League. La chimie semble difficile et il y a un manque de cohésion dans le jeu. Après une défaite de 8-3 à domicile et une autre performance décevante contre les Canadiennes, cela peut expliquer (et non justifier) les gestes de frustration.
Prise 3 : Dimanche 10 décembre
Cette troisième partie en une semaine entre Toronto et Montréal s’amorçait sur une ère de fête pour les Canadiennes. En effet l’organisation profitait de l’occasion pour hisser les bannières des quatre conquêtes de la Coupe Clarkson (2009, 2011, 2012, 2017). Les championnes défendantes retrouvaient plusieurs de leurs ex-coéquipières dont Charline Labonté, Caroline Ouellette, Julie Chu, Emilie Bocchia et Alyssa Sherrard. Nathalie Déry et Kelly Sudia qui ont participé aux conquêtes précédentes s’étaient aussi déplacées. Des membres de l’édition actuelle telle que Noémie Marin, Cathy Chartrand, Ann-Sophie Bettez et Lisa-Marie Breton ont participé aux cérémonies protocolaires.
Contrairement aux appréhensions formulées par Maschmeyer et Blais la veille, le Furies ne s’est pas lancé dans du jeu ultra-robuste et n’a pu contrôler la rondelle. Les Canadiennes ont joué leur match, dominant leurs adversaires au point de vue de la vitesse et des habiletés. Toronto avait de la difficulté à prendre possession du disque et à s’installer en territoire offensif. À leur crédit, les torontoises ont été opportunistes profitant des rares occasions de marquer.
Étant peut-être encore dans l’euphorie des cérémonies d’avant-match, les montréalaises ont semblé amorphe en début de match. Cassidy Delaney a profité d’un mauvais changement pour s’échapper et ouvrir la marque. Cela a eu pour effet de réveiller les troupes et les Canadiennes ont profité d’un avantage numérique quelques minutes plus tard pour niveler la marque. La vétérante Noémie Marin marquait son septième filet de la saison. On annonçait encore le but lorsque Jordanna Peroff doublait l’avance des siennes.
La marque est restée inchangée jusqu’en milieu de deuxième. Toronto a égalisé grâce à Carolyne Prevost qui saisit un retour de lancer lors d’un deux contre un. Le Furies aurait eu la chance de prendre une option sur le match dans cette période car les Canadiennes ont écopé de quatre pénalités. Heureusement pour elles, l’indiscipline fut sans conséquence, l’unité de désavantage numérique a fait un travail impeccable.
Noémie Marin indiquait que pendant le deuxième entracte certains ajustements ont été apportés : « On s’est dit qu’on doit élever notre jeu d’un cran, qu’on doit jouer ensemble et se créer des chances de marquer. » Et bien les filles sont passées de la parole aux actes avec cinq buts lors de ce dernier engagement dont deux en avantage numérique par Marion Allemoz et Katia Clement-Heydra.

Noémie Marin atteint le 2e rang des pointeuses de la LCHF grâce à un tour du chapeau.
En plus du quatrième but en début de période, la numéro 10 complète son tour du chapeau en fin de match, alors que la marque est de 5-3. Sur une montée avec Ann-Sophie Bettez, elle lui remet la rondelle mais au lieu de lancer, Bettez lui renvoie le disque pour qu’elle le dépose dans un filet abandonné. Cette belle performance permet à Noémie Marin de se hisser au deuxième rang des pointeuses de l’histoire de la Ligue Canadienne de Hockey Féminin. Cette dernière ignorait d’ailleurs ce fait d’armes, surprise, elle a simplement répondu : « Non! Je ne savais pas ça! »
La séquence de cinq match avec au moins un but d’Ann-Sophie Bettez s’est terminé dimanche. La capitaine a cependant contribué à la victoire des siens en obtenant trois passes. Cathy Chartrand s’est de nouveau montrée solide défensivement et tout en ajoutant 2 passes pour porter son total à 13 points. Elle occupe le deuxième rang des pointeuses chez les Canadiennes et le neuvième dans la ligue.
Malgré plusieurs bonnes performances individuelles cette fin de semaine, Noémie Marin insistait sur l’apport collectif : « On a une offensive qui peut créer, nos défenseures peuvent scorer, on a des défenseures qui ont autant de points que nos avants. N’importe quelle ligne peut marquer, c’est le fun de voir à chaque match quelqu’un d’autre qui se lève et qui prend le lead et qui nous aide à gagner des games. »
En début de saison, Dany Brunet n’était pas satisfait de l’effort fourni par son équipe. Il leur demandait d’être constantes et de se dédier à 100% à la tâche. Les Canadiennes ont compris que le talent ne suffit plus pour gagner dans la LCHF. Lisa-Marie Breton, assistante-entraîneure, se disait satisfaite de l’effort récemment : « La semaine passée, le premier match contre Markham on revenait de deux week-ends off, on leur a donné un peu de slack. Ensuite contre Toronto, ce sont trois matchs où on a eu un effort constant. On est vraiment satisfait de ça. C’est une nouvelle unité, il faut créer notre identité. On a réalisé qu’il faut travailler fort, on ne comptait pas autant de buts qu’avant. Mais là ça décollé, c’est parti, les filles ont pris beaucoup de confiance. »
Dany Brunet a décidé de donner une journée de congé à Emerance Maschmeyer et de permettre à Catherine Herron de voir de l’action. Tout comme sa collègue, Herron a reçu peu de lancers au cours du match (15) mais ceux-ci furent plus dangereux les uns que les autres. Elle a gardé son équipe dans le match effectuant quelques gros arrêts. En plus de Delaney, Carolyne Prevost et Jenna Dingeldein ont réussi à déjouer la gardienne montréalaise. Le pointage final de 7-3 n’indique pas l’allure, les deux belligérants ont été nez à nez pendant plus de cinquante minutes.

Amanda Makela a souvent été laissée à elle-même face à ses ex-coéquipières des Canadiennes.
Jeff Flanagan faisait de nouveau confiance à Amanda Makela. Les joueuses se sont ralliées autour de leur gardienne en étant meilleure défensivement, le Furies a limité le nombre de revirements, de lancers ainsi que les chances de marquer pendant une bonne partie du match. Makela, comme Catherine Herron, a réalisé les arrêts importants au cours des deux premières périodes. Ce fut plus difficile en troisième lorsque les Canadiennes ont ouvert la machine et l’ont déjoué à cinq reprises.
Le Furies était privé de trois joueuses pour le match de dimanche, la capitaine et leader offensive Emily Fulton a semblé se blesser samedi et n’était pas en uniforme. Michelle Saunders et Brittany Zuback étaient quant à elles suspendues, conséquences de leurs pénalités majeures samedi.
Les Canadiennes retournent au boulot dès la fin de semaine prochaine en accueillant le Thunder de Markham pour deux parties. L’équipe déménage à Brossard au Complexe Bell le temps du match du samedi 16 décembre à 17h30. Cette partie servira à promouvoir l’égalité dans le hockey, quel que soit le sexe ou l’orientation sexuelle dans le cadre de la campagne “You Can Play.” Elle retrouvera son domicile pour le deuxième match de la fin de semaine dimanche 17 décembre à 13h30.
Rappelons que Montréal l’avait emporté 3 à 2 en tirs de barrage samedi 2 décembre lors de sa visite à Markham. Le Thunder s’est relevé de belle façon de cet échec en remportant ses deux matchs du week-end par la marque de 2-1 en prolongation et de 4 à 2 contre les Blades de Boston.
Crédit photo : Charles Bussières-Hamel / Radio-Canada / Eyes on the prize ; Shana Martin / RDS / Amanda Makela ; Twitter
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