Peur et Dégoût au Minnesota | Charlie Phaneuf

La NFL craint.

Ok, je l’admets, ce n’est peut-être pas la meilleure façon d’entamer un billet sportif, mais après avoir aperçu ces satanés Patriots de la Nouvelle-Angleterre réaliser une autre remontée rocambolesque-ment miraculeuse – pour ne pas dire putride –, il n’y a rien de plus à dire. C’en est gênant; vous avouer que j’ai pu prendre la NFL au sérieux durant toutes ces années.

Sortir de ma sieste du dimanche afin de regarder la fin de cet autre désastre sur gazon, c’était comme sortir du lit et mettre les pieds dans un tas de fumiers d’animaux morts – et en train de cramer doucement. Les Jaguars de Jacksonville menaient par 20-10 au quatrième quart, mais, il faut être lucide ici : Si Blake Bortles avait démontré un peu plus de cran, d’aplomb et de courage lors de la deuxième demie, l’écart aurait été drastiquement plus élevé. Évidemment que Bill Belichick allait s’assurer que l’incroyable porteur de ballon Leonard Fournette serait quasi-enrayé; ne restait qu’à Bortles de profiter des zones aériennes libres. On connaît la suite, les Patriots ont remonté le déficit de 10 points – on se souviendra aussi de ce troisième essai et 18 verges à franchir – avec seulement 11 minutes à écouler au cadran. Au final, le duo Belichick/Brady a encore une fois engraissé le Saint-Bandwagon des Patriots. Rapport qu’ils turbo-risquent de toucher le trophée Lombardi pour une sixième fois. Rendu-là, certains internautes lancent à la rigolade que Brady se fera greffer un sixième doigt, mais une bague adaptée à son Prince Albert me paraît plus plausible.

Autrement dit, c’était un bien mauvais moment pour oublier de renouveler sa prescription de Xanax. Ou de manquer d’O’keefe tablette. Voire pire, les deux.

Pourquoi détester les Patriots avec autant de véhémence, certains demanderont? Le Gros Bill est un putain de génie; nous sommes privilégiés d’être témoins d’autant de « magnificence ». Bill est un entraîneur vieux jeu qui prépare ses gars comme le faisaient Vince Lombardi et Tom Landry. Le dernier des Mohicans, du temps où la NFL était formidable. C’est un intellectuel du football. Et Tom Brady, lui, évidemment, est le réel #GOAT incontesté.

Oh-oh. Mais attention Jean-Maurice : il faut aussi mentionner que Brady et Belichick sont d’éternels tricheurs notoires et multirécidivistes de surcroît. On n’a qu’à penser au « Spygate » et au « Deflagate », par exemple. Et à plusieurs autres cas douteux (faites vos propres recherches; je ne suis pas recherchiste après tout) qui n’ont jamais réellement été prouvés – ils ne sont pas sur la biographie officielle de Brady, à tout le moins.

Parallèlement, en toile de fond de toutes ces histoires, il y a le soutien inconditionnel de Tom Brady envers le président Donald Trump. Il y a également l’appui de l’état-major des Patriots de la Nouvelle-Angleterre tout entier envers ce crypto-fasciste. Plusieurs grands journalistes sportifs ont abordé ce sujet chaud. Mais, évidemment, les médias corporatifs, eux, ont tout fait afin de balayer le topo sous le tapis.

Sachez-le, Brady n’est pas seulement républicain; il est carrément un réactionnaire de droite. Il avait d’ailleurs « omis » de se présenter devant le président Barack Obama après que les Patriots aient remporté le Super Bowl XLIX – un geste généralement posé par les athlètes complètement à droite et, habituellement, des plus racistes. Brady avait soutenu Trump lors de l’élection de 2016. Qu’il laisse une casquette étiquetée « Make America Great Again » à la vue des caméras, au haut de son casier et lors d’une entrevue qui était prévue à l’horaire n’était certes pas un accident; c’était un vote de confiance. Autrement dit, s’il n’avait pas été en accord avec les politiques de Trumpette en tant que président, il aurait tout simplement pu le dire (sa femme l’a d’ailleurs fait). Néanmoins, Brady s’est abstenu. Et vous devinez sans doute pourquoi. Sans parler du fait que Bill Belichick et Robert Kraft – le propriétaire des Pats – ont eux aussi affiché publiquement leur soutien à Donald Trump. Une aberration des temps modernes, on s’entend là-dessus.

Cependant, ne détester que les Patriots serait un peu hypocrite dans l’âme. Car, bien honnêtement, c’est la NFL au grand complet qui donne mal au cœur par les temps qui courent. On peut penser au département de la Défense des États-Unis, lui qui a versé à la Ligue nationale de football 5,4 millions de dollars entre 2011 et 2014. Ainsi qu’à la Garde nationale, elle qui a craché un joli montant de 6,7 millions de dollars entre 2013 et 2015. Pourquoi? Facile, le mandat était le suivant : organiser des cérémonies patriotiques dans le cadre du cadre budgétaire du recrutement militaire.

On peut également songer à Colin Kaepernick (le véritable #GOAT), voire ce respectable activiste qui a été blackboulé par les dirigeants de la NFL, pendant que des criminels tels que Ray Lewis (tueur de la ville) et Ezekiel Elliott (violeur de la ville), eux, ont reçu le traitement de blanchiment d’usage. Et nous pourrions continuer longtemps comme ça, mais l’espace pour ce billet tire à sa fin et, avec le rédacteur en chef de chez LPR qui met la pression devant tant de références à l’Impérialisme occidental, nous devons revenir sur la trame du sport au plus sacrant.

Au final, sans vrai opposant face aux foutus Patriots de malheur, ces derniers sont assurés de remporter le prochain Super Bowl.

Rappelez-vous, les gens pensaient qu’il serait impossible de battre le « Greatest Show on Turf » des Rams de Saint-Louis en 2001. Les gens ont continué à croire que Peyton Manning et les Colts pouvaient tuer les Pats tout au long des années 2000. Au début de cette décennie, la défense des Broncos a été assez forte pour battre les Pats dans deux matchs de l’AFC au cours des cinq dernières années. En 2014, peu importe la domination des Pats dans l’AFC cette saison-là, il y avait toujours la menace de rencontrer les Seahawks (alors champions en titre) au Super Bowl. Il y a deux ans dans la NFC, les Panthers de la Caroline avaient amassé un record de 15-1 vers les séries éliminatoires, et l’année dernière, les Packers – avec Aaron Rodgers en bonne santé – et Atlanta – avec MVP Matt Ryan – semblaient effrayants.

Les Eagles? Vraiment? Avec un restant de placenta de chèvre comme quart-arrière – qui ressemble étrangement à Napoléon Dynamite par ailleurs – et un entraîneur qui en est à sa deuxième saison; ça prendra plus que ça pour énerver le poil des jambes suprématistes de Bill Belichick et sa bande de ludiques-chacals presque autant commotionnés-dévoués que dans le film Any Given Sunday. Si au moins nous avions pu savourer l’engouement des Vikings du Minnesota, eux qui auraient pu tenter de devenir la première équipe de l’histoire de la NFL à mettre la main sur le Précieux devant ses propres fans, ça aurait au moins apporté un petit brin de fraîcheur. Mais non! Ce sera probablement l’un des matchs les moins enlevant de l’histoire qu’on vous dit. Bref, inutile de combattre cette fois, chers pourfendeurs des Pats; vous risqueriez l’anévrisme.

D’ACCORD. C’est tout pour le moment. Plus à venir après cette orgie de charabia mal conçu qu’est le Super Bowl – où le meilleur que nous pouvons espérer, je pense, est une égalité 0-0 et quatre heures de temps supplémentaire sans point. Oui. Cela ferait frémir les parieurs pendant de nombreuses heures d’un océan à l’autre et déclencherait de nombreux suicides. Mais alors quoi? Nous sommes coincés avec cette rencontre, alors pourquoi ne pas en faire une expérience inoubliable? La NFL craint.

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