Au moment où les activités de la Ligue Nationale de Hockey battent leur plein, les Canadiennes peaufinent leur préparation en vue de l’ouverture locale ce samedi 13 octobre à la Place Bell de Laval contre l’Inferno de Calgary.
Le visage que présente la formation cette saison est passablement différent avec le départ de treize joueuses, vers d’autres cieux ou à la retraite, et l’arrivée de douze nouvelles athlètes. Le camp d’entraînement a servi à créer une cohésion dans le jeu et à permettre au groupe de mieux se connaître. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas une situation extraordinaire selon Sarah Lefort : « Dans notre ligue, on va toujours chercher les meilleures joueuses ou des nouvelles qui sortent de la NCAA ou des universités canadiennes. On s’attendait à ça depuis la fin de l’année dernière. On va dans la bonne direction, chacune des filles essaie de trouver son rôle. »
Pour l’entraîneur Dany Brunet, la possibilité de jouer trois matchs hors-concours représentaient une étape nécessaire dans la préparation de son équipe. Bien que la différence de calibre était clairement visible, il a apprécié l’opposition : « J’ai aimé comment McGill est sortie et comment elles étaient préparées. Elles ont patiné, bloqué des lancers et compétitionné. C’est intéressant pour nous d’avoir de l’opposition, il a fallu pousser nos limites et élever notre niveau d’intensité. L’expérience et le talent a fait la différence. »
« Il nous reste des ajustements à faire cette semaine au niveau défensif. En jouant contre des universités, on sait qu’on va générer beaucoup d’offensive mais qu’il y aura peu de situations défensives. Ce sont des éléments importants lorsque tu te prépares à affronter une équipe comme Calgary qui possède une force de frappe extraordinaire. »
Une défensive renouvelée
Conscient de la situation en défensive où plusieurs recrues seront en uniforme, l’entraîneur Dany Brunet a opté pour séparer Erin Ambrose et Lauriane Rougeau.
Ambrose fut la dernière défenseure coupée lors de la sélection olympique, elle s’est amenée à Montréal en décembre 2017. Sa grande force est certainement l’aspect offensif de son jeu grâce à sa vision et ses habiletés de passeuse. De son côté Lauriane Rougeau représente la stabilité et l’efficacité. Excellente dans les missions défensives, elle peut effectuer une bonne première passe pour relancer rapidement l’attaque.
Les postes numéro 3 et 4 iront à Mélanie Desrochers et Sophie Brault. La première devra répéter sa belle saison 2017-2018 où elle s’est implantée comme une régulière dans en obtenant 9 points et un excellent différentiel de +18. Sophie Brault apporte de l’expérience à cette jeune brigade défensive, elle qui en sera à une cinquième saison. L’entraîneur peut s’attendre d’obtenir une production de 5 à 10 points de sa part et à de la fiabilité dans les missions défensives, elle n’a jamais affiché un différentiel négatif.

Après s’être taillée une place dans l’alignement en 2017-18, Mélanie Desrochers aura un rôle encore plus important cette année.
Une belle lutte s’annonce pour les deux derniers postes. Les Canadiennes ont repêchés quatre défenseures en août dernier : Taylor Willard (4e ronde), Catherine Daoust (5e ronde), Marie-Joelle Allard (6e ronde) et Emma Martin (7e ronde). Ce sera intéressant de voir les choix de l’organisation pour le match du 13 octobre.
Des buts à profusion?
Est-ce possible d’affirmer que l’attaque des Canadiennes est meilleure que l’an dernier? On serait porté à répondre par l’affirmative malgré le fait que les montréalaises ont dominé la Ligue Canadienne de Hockey Féminin avec 117 buts en 28 matchs en 2017-2018. À titre de comparaison, l’Inferno de Calgary a pris le second rang avec 96.
L’unité offensive présente un visage passablement différent avec les départs de Emmanuelle Blais, Kayla Tutino, Erin Noseworthy, Lore Baudrit et Marion Allemoz. À cela vient s’ajouter l’annonce des retraites de Noémie Marin et Caroline Ouellette. Rien ne laissait présager une telle annonce dans le cas de Marin qui s’est fort bien acquittée du rôle de centre numéro un avec 31 points en 26 parties en 2017-18. Du côté de Ouellette, l’arrivée de sa fille au printemps dernier a guidé sa décision. La célèbre numéro 13 demeure associée aux Canadiennes en tant qu’entraîneure-technique.
La directrice-générale Meg Hewing a fait un excellent travail pour combler ces postes en faisant l’acquisition de l’olympienne Jillian Saulnier et en convainquant Hilary Knight de revenir dans la métropole. Interrogée sur les raisons de son retour, le choix de Montréal semblait naturel pour l’américaine : « J’aime la ville, les partisans sont fantastiques. J’adore l’organisation pour ce qu’elle représente sur et hors glace et pour la manière dont elle traite ses athlètes. Y a-t-il une meilleure ville pour jouer avec les meilleures au monde, compétitionner et s’amuser sur la glace? »

Hilary Knight juge que Montréal est l’endroit idéal pour la poursuite de sa carrière.
Knight sera jumelée à Saulnier et Sarah Lefort au centre pour le début de saison. Elle apprécie de participer à un camp d’entraînement lui permettant de trouver sa place : « Aussi difficile que ça pu être de s’intégrer l’an dernier, les gens ont été chaleureux et je me suis sentie la bienvenue. C’est une nouvelle saison et j’ai pu rencontrer les gens de l’organisation dans différents contextes et j’espère que ça cliquera. »
Dany Brunet partageait la même vision : « L’année passée c’était un contexte particulier. Il n’y a pas beaucoup de sports où il est possible d’ajouter des joueurs avec 1 ou 2 matchs à jouer en saison. C’est beaucoup plus avantageux pour nous et pour Hilary d’arriver au camp pour que l’on puisse apprendre à se connaître. On est très heureux de la voir ici cette année et elle sera un atout extraordinaire pour l’organisation. »
L’entraîneur a décidé de séparer Marie-Philip Poulin et Hilary Knight. La beauceronne pivotera l’autre trio tout aussi offensif. Elle sera flanquée de la « recrue » Mélodie Daoust et de Ann-Sophie Bettez. Bettez, qui a agit comme capitaine par intérim en l’absence de Poulin, représente une force offensive dans la ligue. On la retrouve dans le top 5 des meilleures pointeuses depuis la saison 2012-2013. L’an dernier elle en a obtenu 41, bon pour le 2e rang. Mélodie Daoust a complété son stage universitaire à McGill en 2017. Choix de première ronde des Canadiennes en 2017, elle était membre de l’équipe canadienne lors des deux dernières olympiades.
C’est en avantage numérique que l’on constatera la puissance des Canadiennes. Les attaquantes désignées sont Mélodie Daoust, Marie-Philip Poulin et Ann-Sophie Bettez. On confiera à Hilary Knight la tâche d’épauler Erin Ambrose au point d’appui. « Nous avons d’excellentes joueuses d’habiletés et d’excellentes tireuses, c’est une excellente unité. On tente de développer une chimie et Calgary sera notre premier test » mentionnait Hilary Knight au terme du dernier match préparatoire.
C’est quand même extraordinaire de voir Hilary Knight et Marie-Philip Poulin dans la même équipe. Elles sont considérées comme deux des meilleures joueuses au monde. C’est un peu comme si Sidney Crosby et Alexander Ovechkin jouaient ensemble. Tous se souviennent des buts miraculeux de Poulin aux olympiques. Marie-Philip Poulin c’est aussi 134 points en seulement 67 matchs dans la LCHF. Des flammèches sont à prévoir offensivement.
Le troisième trio devrait être composé des vétéranes Kim Deschênes, Katia Clément-Heydra et Karell Émard. Bien qu’elles puissent tous apportées un élément offensif, elles se démarquent par leur rapidité et leur intensité. On leur demandera de s’acquitter des missions défensives, contrer les meilleurs trios adverses et écouler le temps en désavantage numérique.
Il reste quatre attaquantes pour les postes du quatrième trio. Tracy-Ann Lavigne revient pour une deuxième saison. Elle a participé à tous les matchs en 2017-18 obtenant deux buts et trois passes dans un rôle plutôt limité. Choix de deuxième ronde en 2018, Geneviève Bannon devrait avoir un poste régulier. Cette dernière a passé la dernière année avec le Gôteborg HC en Suède où elle a récolté 33 points en 34 parties. Bannon possède un potentiel offensif énorme et pourrait progresser dans la hiérarchie. Elle aura du temps de jeu sur la deuxième unité d’attaque massive.
Maude Gélinas et Olivia Atkinson, sélectionnées au dernier encan, lutteront pour le dernier poste disponible dans l’alignement. Au moment d’écrire ses lignes, il est difficile de spéculer sur le choix de la direction. On a beaucoup parlé que le temps de glace ira au mérite. On peut supposer qu’elles auront chacune un match cette fin de semaine pour se faire valoir.
Un duo tout étoile devant les filets
En 2017-18, sa première saison comme gardienne numéro un, Emerance Maschmeyer a rapidement gagné la confiance de ses coéquipières avec ses performances. Son calme devant le filet se voulait rassurant. En 23 départs, elle a obtenu 18 victoires dont 6 par blanchissage. Sa moyenne de 1,78 et son pourcentage d’efficacité à .920 la plaçait parmi les leadeuses de la LCHF. Par contre dans une ligue où l’on joue des “deux en deux”, ça lui fait beaucoup de hockey. La majorité des équipes se fient à deux gardiennes.

Emerance Maschmeyer a connu une saison exceptionnelle l’an dernier avec 18 victoires et 6 blanchissages.
C’est probablement pour cette raison que Meg Hewing a fait l’acquisition de Geneviève Lacasse l’été dernier. La gardienne fut d’office lors d’un match à PyeongChang l’hiver dernier. C’est une joueuse d’expérience qui viendra épauler Maschmeyer. Ces dernières ont d’ailleurs partagé le filet avec l’Inferno il y a deux ans. Lacasse compte 60 départs en saison régulière dans la LCHF et sa fiche en séries est impeccable avec sept victoires en autant de décisions.
Le rôle de numéro 3 revient de nouveau à Marie-Soleil Deschênes, elle qui a bien fait dans la victoire de 7 à 2 contre l’Université McGill le 5 octobre dernier. Catherine Herron qui agissait à titre d’auxiliaire a décidé d’accrocher ses jambières au terme d’une carrière lui ayant permis de remporter trois championnats avec les Canadiennes (2009, 2012 et 2017).
Bref, au terme du camp, on sent dans l’entourage de l’équipe que la barre est placée haute. On ne le dira pas ouvertement mais la Coupe Clarkson représente l’objectif. Hilary Knight s’est peut-être échappée dans un moment d’excitation en vue de la saison : « Je m’attends à une excellente saison, nous avons toute une équipe, “sky’s the limit!” »
Calgary s’amène en ville
L’Inferno représente une force dans la ligue depuis plusieurs saisons, l’équipe est bien gérée, repêche bien et possède une tradition gagnante. Tout comme les Canadiennes, on présentera une formation renouvelée avec l’ajout de neuf olympiennes ainsi que de la quatrième pointeuse de la ligue Zoe Hickel (12b-26p-38pts). Elle revient en Amérique après un an avec le RedStar de Kunlun.
Parmi les olympiennes, on notera le retour de quatre canadiennes membres de l’Inferno qui se sont inclinées en finale de la Coupe Clarkson en 2017. Les attaquantes Brianne Jenner, Rebecca Johnston et Blayre Turnbull ainsi que la défenseure Brigette Laquette auront tous un rôle de premier plan dans la formation albertaine.
L’Inferno a recruté chez nos voisins du sud en amenant trois médaillées d’or de PyeongChang. Brianna Decker et Kacey Bellamy reviennent dans la LCHF après quelques années dans la National Women Hockey League. Plusieurs considèrent Decker comme l’une des meilleures de sa profession. Elle a reçu le titre de recrue de l’année en 2015 dans la LCHF, remportée une coupe Clarkson et fut deux fois joueuses par excellence dans la NWHL. Calgary a mis la main sur la troisième gardienne de l’équipe américaine, Alex Rigsby via le dernier repêchage.
Les deux autres olympiennes sont l’attaquante finlandaise Venla Hovi et la défenseure japonaise Aina Mizukami.
On risque d’assister à un ménage à trois devant les filets quoique Lindsey Post devrait être la numéro un. Cette dernière a obtenu 12 départs l’an dernier avec une fiche de 7 victoires, 4 défaites et une défaite en fusillade. Pour compléter le trio, on retrouve la québécoise Annie Bélanger repêchée en troisième ronde en 2018 en provenance de l’Université du Connecticut (UCONN).
Si la chimie peut se créer avec tous ces nouveaux visages, l’Inferno de Calgary s’avérera un sérieux prétendant à la Coupe Clarkson. Aurons-nous un avant-goût de la finale dès le premier week-end? Difficile de se prononcer, toutes les équipes sont améliorées, la ligue est hyper-compétitive.
Crédit photo : NHL / Les Canadiennes / Shanna Martin – Eyes on the Prize / The Link newspaper
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