Rien n’est joué dans la LCHF et pour les Canadiennes | Charles Bussières-Hamel

Les activités de la saison 2017-2018 de la Ligue Canadienne de Hockey Féminin tirent à leur fin. Il ne reste que deux matchs à jouer au calendrier régulier pour six des sept équipes. Toronto vient tout juste de conclure sa campagne sur une bonne note en blanchissant deux fois les Blades de Boston. Avec une sixième position au classement, le Furies est exclu des séries.

Les Canadiennes de Montréal conclueront leur saison régulière les 10 et 11 mars au Complexe sportif Bell de Brossard en recevant l’Inferno de Calgary. Le premier rang du classement général et l’avantage de la patinoire est à l’enjeu. Nous y reviendrons plus loin en examinant les différents scénarios en vue des séries.

Expansion en Chine

À l’été 2017, la Ligue Canadienne de Hockey Féminin prenait un peu tout le monde par surprise en annonçant une expansion en Chine. Deux équipes, le RedStar de Kunlun et les Rays de Vanke, viennent s’ajouter aux cinq autres situées au Canada et aux États-Unis.

L’objectif derrière cette expansion est de favoriser le développement du hockey en Chine et de former une équipe nationale compétitive pour les olympiques de Pékin en 2022.

Pour permettre à ces deux équipes de compétitionner, des joueuses nord-américaines furent recrutées pour encadrer les meilleures chinoises âgées entre 18 et 30 ans. Du personnel qualifié a aussi été embauché pour occuper les postes de dirigeants. C’est le cas entre autre des entraîneurs Margaret “Diggit”  Murphy et Rob Morgan.

Tout cela est bien beau et fort louable, mais pour la Ligue, cela a demandé toute une gymnastique pour établir un calendrier dans lequel les équipes nord-américaines voyageraient pour jouer deux matchs contre chacune des équipes chinoises. Étant donné que les joueuses sont aussi des travailleuses à temps plein, il devenait nécessaire de condenser les matchs pour éviter de leur faire perdre trop de temps de travail. Résultat : les équipes ont quitté à tour de rôle pour une dizaine de jours, incluant le temps de transport, pour jouer quatre parties en Chine.

Voyage difficile pour les Canadiennes

Les Canadiennes furent les dernières à s’y rendre. L’équipe a quitté Montréal le 23 février en soirée pour un long périple qui s’est terminé le 4 mars. Les filles y ont disputé quatre parties entre le 25 février et le 2 mars. C’est donc ce que l’on peut qualifier d’un voyage express à l’autre bout du monde.

Sur la patinoire, ce ne fut certainement pas les succès espérés par les montréalaises. En suivant l’équipe sur les médias sociaux, on a eu l’impression que les filles sont sorties de l’avion et ont immédiatement sauté sur la glace du Shenzen Universiade Sports Center pour en découdre avec les Rays de Vanke. Malgré le long voyage et le décalage horaire, les Canadiennes se sont bien battues, jouant un bon match en gardant les choses simples. À noter que le but de Noémie Marin, qui donnait les devants 2-1 à son équipe, était son 131e en carrière. Elle égalisait par le fait même sa coéquipière Caroline Ouellette au premier rang de l’histoire de la ligue.

Les Canadiennes ont laissé filer leur avance en troisième pour s’incliner par la marque de 3 à 2 contre des adversaires nettement plus coriaces que lors de leur passage dans la métropole à la fin janvier.

Le 26 février, les Rays et les Canadiennes croisaient le fer pour une cinquième fois en un mois. Les esprits se sont échauffés dans ce match où dix pénalités ont été décernées. La capitaine Ann-Sophie Bettez a ouvert la marque en toute fin de première période en inscrivant son 18e de la saison, son 99e en carrière. Puis en milieu de deuxième Katia Clément-Heydra en ajoutait un deuxième au tableau. Emerance Maschmeyer n’a pas été très occupé faisant face à seulement 17 lancers. Elle a effectué les gros arrêts aux moments opportuns pour récolter son cinquième blanchissage.

Lors du passage du RedStar de Kunlun à Montréal en novembre, les esprits s’étaient échauffées et on avait assister à du jeu particulièrement robuste. Il semble que les filles avaient encore des comptes à régler car pas moins de 17 punitions ont été décernées lors du match du 28 février. Au terme d’un match chaudement disputé, Kunlun est sorti vainqueur (4-3) du duel qui s’est conclu en tir de barrage grâce à Kelli Stack. Cette dernière a contribué à deux des trois buts de son équipe en temps régulier. Du côté des Canadiennes, Sarah Lefort a sonné la charge avec un tour du chapeau.

Noora Raty est la première gardienne à blanchir les Canadiennes cette saison.

Montréal concluait son voyage de quatre matchs le 2 mars en affrontant de nouveau le RedStar. L’équipe chinoise a joué un bien meilleur match défensif, neutralisant les meilleures joueuses des Canadiennes et limitant les chances de marquer. Pour la première fois cette saison, les montréalaises ont été incapable de déjouer la gardienne adverse. Noora Raty, gagnante d’une médaille de bronze avec la Finlande à PyeongChang, a bloqué les 17 lancers dirigés vers elle. Fidèles à leur habitude, Kunlun a capitalisé sur ses chances de marquer en déjouant trois fois Maschmeyer sur 19 lancers.

Avantage de la glace ?

Bien que les Canadiennes auraient certainement espérées une fiche supérieure à une victoire, deux défaites et une défaite en fusillade, il faut souligner qu’elles s’inscrivent dans la tendance des visiteuses en Chine. Les cinq équipes nord-américaines ont combiné une fiche de quatre victoires, treize défaites et trois en prolongation ou en fusillade. Peut-on parler d’avantage de la glace? Poser la question c’est y répondre. Toronto et Boston sont d’ailleurs revenus bredouilles de leur périple à l’autre bout du monde.

La seule équipe qui y a connu du succès est l’Inferno de Calgary avec une fiche de trois victoires et une défaite en fusillade. D’ailleurs dans leur cas il faut se demander si ce ne sont pas elles qui avaient l’avantage de la glace, du moins contre les Rays.

Après la série de trois matchs à Montréal, l’entraîneur de Vanke trouvait déplorable le calendrier élaboré par la LCHF. Son équipe terminait son voyage de près d’un mois le mardi soir et sautait immédiatement dans l’avion pour arriver deux jours plus tard en Shenzen. Une courte séance de patinage pour se délier les jambes était prévue le vendredi et le match le dimanche. L’Inferno de son côté jouait son dernier match dimanche le 28 janvier et s’envolait une journée avant les Rays pour la Chine. Calgary a donc bénéficié d’une vraie séance d’entraînement en Chine.

Résultat? Une victoire de 6 à 2 de Calgary. Rappelons que les Rays venaient de perdre trois matchs contre les Canadiennes et que le moral ne devait pas être à son plus haut. Morgan mentionnait au terme de la série à Montréal que sa jeune équipe avait besoin de rentrer à la maison et prendre du temps pour travailler sur des aspects techniques. L’Inferno a ensuite perdu en fusillade contre Vanke mais a défait Kunlun à deux reprises.

Il s’agissait d’une première expérience pour toutes les équipes de la Ligue Canadienne de Hockey de voyager aussi loin. Le fait que les joueuses pratiquent le hockey à temps partiel rend l’aspect logistique encore plus difficile à gérer. Il sera intéressant de s’attarder aux résultats des équipes visiteuses l’hiver prochain pour constater si l’avantage de la patinoire sera encore aussi marqué.

Statistiques individuelles

Au plan individuel, plusieurs patineuses montréalaises font belle figure au classement des pointeuses de la LCHF. Ann-Sophie Bettez se retrouve quatrième avec 18 buts et 16 mentions d’aides en 26 parties. Jamie Lee Rattray (3e / Markham / 19b – 15p) et Zoe Hickell (5e / Kunlun / 9b – 25p) ont aussi 34 points. Le premier rang est détenu par Kelli Stack (Kunlun / 25b – 21p) qui a dominé ce classement tout au long de la saison. L’attaquante américaine démontre qu’elle aurait eu le talent nécessaire pour participer aux olympiques. Elle fût d’ailleurs la dernière joueuse coupée avant la centralisation l’été dernier. Au deuxième rang vient, 9 points derrière Stack, Cayley Mercer (Vanke / 14b – 23p).

Sarah Lefort a été nommé joueuse du mois de février avec une récolte de 11 points en 5 matchs.

Sarah Lefort s’est hissée au sixième rang dans les dernières semaines. Le fait qu’on l’ait jumelé à Noémie Marin et Ann-Sophie Bettez sur le premier trio n’est certes pas étranger à ses succès. Celle qui se qualifie de « power-forward » a été nommé joueuse du mois de février avec 11 points (7b – 4p) en seulement cinq matchs, ce qui a porté son total à 29.

Noémie Marin qui complète le trio de Bettez et de Lefort se retrouve au septième rang avec une fiche de 16 buts et 11 passes. Une autre joueuse qui est sur une lancée depuis le congé des Fêtes, Katia Clément-Heydra pointe au neuvième rang grâce à une récolte de 27 points elle aussi (13b – 14p).

Pas surprenant de voir quatre joueuses dans le top 10 des pointeuses, Montréal est de loin la meilleure équipe offensive de la LCHF. Les Canadiennes ont accumulé 110 buts en 26 matchs, soit une moyenne de 4,23 par partie. Leurs plus proches rivales, Calgary en comptent 94. À l’aube d’une fin de saison qui s’annonce déterminante pour les séries et dans l’optique de gagner une deuxième coupe Clarkson consécutive, une offensive aussi bien balancée pourrait s’avérer un atout indéniable.

Ashleigh Brykaliuk occupe le premier rang des pointeuses chez les défenseures. Sa polyvalence permet à son entraîneur de l’utiliser régulièrement comme attaquante.

Il ne faudrait pas oublier Cathy Chartrand qui occupe officiellement le deuxième rang chez les défenseures avec 21 points. Ashleigh Brykaliuk (25 pts) qui pointe au sommet ne joue pas toujours en défensive. Lors du passage des Rays à Montréal, Rob Morgan l’a utilisé la majeure partie du temps sur le premier trio.

Matchs à venir, fin de saison et classement

Grâce à une victoire de 5 à 1 contre les Rays de Vanke le 4 mars, le RedStar de Kunlun a pris le premier rang du classement général devant les Canadiennes. Les deux équipes affichent 41 points et une fiche de 20 victoires, 5 défaites et une défaite en fusillade. Kunlun se voit octroyer l’avantage car il a remporté 4 des 5 parties contre Montréal.

Peu importe les résultats de la fin de semaine prochaine, Kunlun, Montréal et Calgary sont assurés de participer aux séries. La quatrième position se jouera entre Markham et Vanke. La seule manière pour les Rays de se qualifier est de remporter ses deux matchs contre le RedStar et d’espérer deux défaites du Thunder.

Cette situation est pratiquement improbable. Markham doit se rendre à Boston pour y affronter la pire équipe de la ligue. Les Blades ont remporté qu’un seul match cette saison, pourront-elles sauver leur honneur en éliminant le Thunder? Du côté des Rays, les filles auront fort à faire en se mesurant à leurs compatriotes chinoises. Le RedStar a tout intérêt à gagner ses deux matchs car il s’assurerait ainsi du premier rang au classement général.

L’Inferno de Calgary vient de trébucher deux fois contre Markham qui, de son côté, tente une dernière poussée vers les séries. Les deux équipes comptaient d’ailleurs sur du renfort pour ces deux matchs. Le Thunder saluait le retour de la défenseure Jocelyne Laroque, l’olympienne a inscrit un but samedi tandis que Brianne Jenner et Blayre Turnbull réintégraient l’alignement de l’Inferno. À deux, elles n’ont amassé qu’une maigre passe en deux matchs.

Les Canadiennes accueilleront l’Inferno pour conclure la saison cette fin de semaine. Calgary pourrait passer devant Montréal en remportant les deux matchs et s’assurer de l’avantage de la glace advenant une série entre les deux équipes. Les albertaines accusent un retard de trois points. Lors de leur passage à Calgary au début janvier, les Canadiennes ont remporté les deux affrontements par la marque de 2-1 et 3-0.

Les deux matchs seront joués au Complexe sportif Bell de Brossard. Tout d’abord, les Canadiennes démontreront leur support à la lutte contre le cancer du sein dans le cadre du « match en rose » samedi le 10 mars à compter de 17h30. Puis le lendemain, les deux équipes remettront ça à 15h30. À noter que ce match sera présenté sur les ondes de Sportsnet.

Le classement final déterminera les affrontements pour les séries. La position numéro un se mesurera à la quatrième et la deuxième croisera le fer avec la troisième. Les finalistes sont déterminés par des deux de trois qui seront joués les 16, 17 et 18 mars. La finale qui couronnera les championnes de la coupe Clarkson est prévue pour le 25 mars au Ricoh Center de Toronto, le domicile des Marlies.

 

Crédit photo : The Link Newspaper / Pension Plan Puppets / Eyes on the Prize / Chris Tanouye

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