Dans un état où les Cowboys de Dallas étaient rois et où les championnats de la NBA pleuvaient à Houston, les Stars de Dallas, eux, étaient les petits nouveaux en ville. Fraichement déménagée du Minnesota, la jeune équipe avait une certaine pression sur ses épaules. Elle se devait de continuer à s’améliorer et ramener la Coupe Stanley en ville, chose qu’ils n’ont pu faire en 1991. Or, le Texas n’est pas le berceau du hockey tel que le Minnesota, ce qui veut dire que l’équipe avait aussi besoin d’une identité. Un jeune Mike Modano à lui seul ne pouvait faire le travail, mais c’est alors qu’une amitié impossible allait changer le cours de l’histoire et donner la « fight song » la plus mémorable du hockey.
Les défenseurs Richard Matvichuk et Craig Ludwig étaient des fans de motos. Un soir, ceux-ci se promenaient et se sont arrêtés dans un bar prendre une bière. Alors que Ludwig se dirige vers la salle de bain, celui-ci entend au loin, « Hé, t’es Craig Ludwig! » Ce dernier se retourne et quelle ne fut pas sa surprise de voir celui qui l’a interpellé. Il s’agissait de Vinnie Paul, le batteur du groupe texan Pantera.
« Nous n’étions presque pas connus à Dallas en 1993, » a raconté Ludwig à NHL.com. « Presque personne ne me reconnaissait encore là-bas. Et là Vinnie Paul qui vient me dire qu’il m’a déjà vu jouer à Montréal, que j’ai gagné la Coupe Stanley en 1986 avec eux, qu’il est un grand fan de sport. J’ai trouvé ça vraiment cool qu’une rockstar me reconnaisse. »
Ludwig s’est lié d’amitié avec Vinnie et son frère Dimebag Darrell, frère de Vinnie et guitariste de Pantera. Il faut dire que durant les années 90, le groupe originaire de Dallas était au sommet des palmarès rock avec des succès comme Walk, Cemetery Gates et Cowboys From Hell. Et ils aimaient tellement le hockey qu’ils ont décidé de faire une chanson sur un sujet qui les passionnait, les Stars.
« C’était au printemps 1999 », raconte Vinnie lors d’une entrevue exclusive avec les Stars. »Je jouais au golf avec Lud (Craig Ludwig) et quelques autres joueurs des Stars. Craig me disait à quel point l’équipe en avait marre de leur chanson officielle actuelle et m’a demandé si moi et les gars (Pantera) pouvaient leur écrire une chanson. Dallas commençait justement les séries le lendemain à Edmonton contre les Oilers et moi je me suis dit « Ben dit donc ça tombe bien ça. » »
« On est donc allé au studio le soir même et on a dû passer une heure et demie à « jammer » et à chercher des idées. L’enregistrement s’est terminé vers minuit. Moi et Dimebag sommes allés voir Lud le lendemain matin et lui avons remis la cassette en disant « Fais la jouer ce soir dans le vestiaire avant le match, montres ça aux gars. Si vous l’aimez, gardez-la! »
La chanson s’est avérée d’avoir l’effet d’une bougie d’allumage dans le vestiaire des Stars. Il ne fallut même pas deux semaines pour que la chanson intitulée « Puck Off » fasse son chemin vers les haut-parleurs du Reunion Arena. L’équipe avait une fiche parfaite de 5-0 avec la chanson et elle a sans contredit mené les siens à la victoire contre les Blues lors du match numéro six de la deuxième ronde.
« À 9h du matin, je reçois un appel de Lud. J’étais au studio jusqu’à 3h la veille pour enregistrer, je lui demande ce qu’il veut aussi tôt. Il me répond « Man, on est 5-0 à domicile grâce à ta chanson, penses-tu pouvoir nous envoyer une copie à St-Louis? » Je lui réponds qu’ils ne feront jamais jouer ça là-bas et Lud me dit en riant « Non stupide, pour le vestiaire. Les gars veulent se motiver. » Je leur ai fait parvenir la copie de la cassette. »
« Le soir venu, je regarde le match et les Stars ont gagné à la troisième minute de prolongation. Vingt minutes après, Lud m’appelle pour me dire qu’il a mis la chanson avec le son au tapis pendant la pause avant le surtemps. Sans blague, c’est une vraie histoire. »
Les Stars ont remporté la Coupe cette année-là, la seule de l’histoire de la franchise. Puck Off est devenue culte chez les partisans et elle joue toujours aujourd’hui après chaque but. L’association Dallas Stars-Pantera en est une improbable et née du hasard qui a laissé son empreinte sur la ville et même si Vinnie Paul et son frère Dimebag sont aujourd’hui décédés, leurs marques sont là pour rester.
Crédit photo // NHL.com
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