Viva Las Vegas | Charlie Phaneuf

Note de l’Éditeur : Malgré plusieurs appels et maintes tentatives de communication avec notre journaliste Gonzo, LPR fut dans l’incapacité de le rejoindre depuis plus d’une semaine. Aux dernières nouvelles, il en était à parfaire son pèlerinage dans un deux et demi d’Hochelaga. Nous lui dévouons tout de même un respect certain, et voici donc la dernière démoulure que nous avons reçue de sa part – sous forme de notes broche-à-fouinesques – avant de le perdre dans l’abîme de la rognure pour de bon.

Holà, chers groupies ameutées que vous êtes. Bien sûr que le nom de code est toujours Jean-Maurice et que le gaz de prédilection est bel et bien la tout-sauf-gouteuse O’Keefe tablette. On se passerait bien des sermons de la Suzanne par contre. Mais, que voulez-vous, c’est tout de même elle qui repasse les dernières chemises propres. Alors : respect. L’auteur de ces lignes est également toujours aussi fan-fou du hockey qu’à ses belles années – l’osmose en 1993 : non seulement le rejeton que j’étais portait ENFIN sa première paire de Reebok Pump, or c’était aussi la dernière conquête du Canadien. Ou peut-être suis-je seulement fou tout court… Bref, la nuit dernière, j’ai eu une vision étrange mettant en scène les Golden Knights de Las Vegas et les Penguins de Pittsburgh, jouant l’un contre l’autre lors de la prochaine finale de la Coupe Stanley en juin prochain, à moins que ce monde de vices et de pêchés ne s’écroule avant. Et, loin de moi l’idée de divulgâcher votre suspense, mais, j’ai vu les Golden Knights l’emporter en six parties! Pourquoi pas en sept, me demanderez-vous, incrédule? En six, simplement parce que tout le monde veut voir Fleury soulever la Coupe à Pittsburgh – bah oui, Vegas aura l’avantage de la glace. C’est normal, le sportif de salon est une véritable hyène sans scrupule lorsque vient le temps d’imaginer et de souhaiter les scénarios les plus crève-cœur possibles.

Ça en jette comme entrée de jeu, n’est-ce pas? Rendu-là, même Sancho n’a jamais sorti le gun aussi rapidement. Certains chevronnés vous conseilleraient que c’est extrêmement prématuré, comme prédiction, mais pas votre clavier simili-préféré. Une vision est une vision, et ce, peu importe si elle ne se révèle seulement que 24 heures avant l’affrontement ultime, ou 24 mois, et il ne faut jamais ignorer ces semblants de rêves pseudo-prémonitoires. Toutefois, il est préférable de ne pas jouer les fonds servants aux études des mômes là-dessus; peut-être le dernier chèque de paie au complet, mais c’est à vous de voir le budget… et surtout comment expliquer tout ce bordel financier à votre Suzanne, qui ne comprendra jamais votre attachement à un casque doré et un encombrant vase argenté.

Les poulains de George McPhee, eux qui ont récemment grouillé l’histoire en amassant le plus haut total de victoires pour une première saison d’expansion, ont également reçu le deuxième meilleur taux de chances de remporter la prochaine Coupe Stanley chez les bookies professionnels. En fait, la troupe de Gérard Gallant se retrouve presque nez-à-nez avec le Lightining de Tampa Bay chez les parieurs, soit avec un taux frisant le 6 contre 1. Ah ça, c’est pas banal.

Or, s’il est vrai que la « Maison » ne gagne pas toujours, parions que les Golden Knights, eux, tendent à vouloir prouver le contraire avec leur impressionnant dossier de 25 gains, 9 défaites et 2 surtemps à domicile. Après avoir entamé la saison avec un taux de +20,000 de chances de remporter la Coupe Stanley (selon le site ODDSSharks), la toute nouvelle concession de la LNH est maintenant bien assise sur le dessus de la Division Pacifique, affichant 8 points d’avance. Arborant dorénavant un taux beaucoup moins fructueux de +600 (gain de 600$ pour une mise de 100$), les Knights partagent la mention d’équipe favorite afin de remporter la prochaine Coupe en compagnie du Lightning de Tampa Bay. Qui l’eusse cru? À part peut-être le Shaman indien du Journal Le Métro, bien sûr.

 

Qu’est-ce qui explique un tel rebondissement de carrière chez Fleury? Le hot yoga? Le végétarisme? La créatine et les omégas de meilleure qualité? Allez savoir.

 

Pendant que Vegas habille le quatrième meilleur buteur de la ligue en William Karlsson (39 buts), c’est surtout le jeu du vétéran gardien de but de 33 ans, Marc-André Fleury, Flower pour les intimes, qui inspire les experts à la puissance maximale. L’ancien premier choix total du fructueux repêchage de 2003 se positionne au deuxième rang chez les portiers de la Ligue au niveau de la moyenne de buts alloués (2,20) et au troisième spot dans le pourcentage d’arrêt (92,9%). Forcément, il est en grande partie la raison qui explique le fait que les GKV ont marqué 45 buts de plus que l’adversaire cette saison.

Le gardien donnait auparavant l’impression d’avoir un sabot de Denver d’accroché au niveau de la cheville certains soirs, tant et tellement il était saccadé et encombré dans ses mouvements. Cependant, le cerbère est maintenant plus fluide et précis que jamais dans ses déplacements, et les ailes de son papillon n’ont jamais été aussi adéquatement déployées. Son gant et son bouclier sont eux aussi plus alertes et voient plus de caoutchouc que par le passé. Peut-être pas autant qu’un monsieur Miyagi tentant de tuer une mouche tsé-tsé avec un bandeau devant les yeux et des baguettes, mais presque. On le sait, la faiblesse de Fleury a toujours été la lucarne maudite, alors que ce dernier tendait à conserver ses bras le long de son corps, spécialement lors de son action-papillon. Mais il semble avoir misé sur l’anticipation et la lecture de jeux devant lui davantage et cela rapporte gros temps, voire big time en bon français. Qu’est-ce qui explique un tel rebondissement de carrière? Le hot yoga? Le végétarisme? La créatine et les omégas de meilleure qualité? Allez savoir.

Chez les champions en titre, les Penguins de Pittsburgh, l’engouement n’est pas aussi dans le prélat qu’à Vegas. Ils ont ouvert la saison avec un taux de +800 (dans le cadre d’un threepeat digne de ce nom) sur tous les sites de mises sportives. Il est vrai qu’ils sont tout de même présentement à quatre points des Capitals de Washington pour le premier rang de la Division Métropolitaine, mais leur fiche de 13-16-3 sur la route laisse planer le doute. À l’inverse, avouons-le, miser contre une équipe qui aligne Evgeni Malkin, Sidney Crosby et Phil Kessel, eux qui se retrouvent tous les trois dans le top 12 des pointeurs, pourrait s’avérer être un aussi bon plan que d’aller demander à Carey Price s’il a eu du plaisir à jouer à Montréal cette saison; rien de pire que le regard de Carey qui vous méprise avec dégoût.

Tout compte fait, petite précision pour l’accro en vous qui aurait soudainement l’envie de tout miser sur les Golden Knights, sachez que la victoire est éphémère dans cette merveilleuse industrie du pari sportif. Les gagnants d’aujourd’hui sont les pigeons dubitatifs de demain, voire les enragés illuminés qui n’ont plus rien à perdre – sauf, peut-être, un Prince Albert en or plaqué qui, tout comme le « C » sur le chandail de Max Pacioretty, ne sert plus à grand chose. La vérité, c’est que Las Vegas pourrait très bien se faire débroussailler la crevasse en séries Minatoires, et ce, dès la première ronde. Fini, out, kapout, Vegas. Ensuite, on entendra la même bonne vieille rengaine sortant de ce qui vous sert de clapet à mots : « Vous le sentiez, vous alliez vous refaire, vous y étiez presque… » Eh non, vous êtes de facto plongé dans les abysses de la dette à nouveau.

Oh oh. La fin de saison est toujours une période difficile pour le parieur compulsif. Ce sont généralement des personnes faibles mentalement et elles ne sont pas conçues pour le travail assidu et exténuant. Peu importe le niveau de chance – ou même d’élégance – qui leur a procuré le court plaisir de se sentir sur le trône de fer du gambling sportif lors des premières semaines de la saison de hockey, il y a longtemps que le premier blizzard d’hiver a laissé réapparaître les excréments de cabots, et ils ressentent soudainement l’angoisse qui monte; c’est l’amour-propre qui les grignote soudainement avec plus de véhémence que jamais. Tsé, les pertes de jeu qui semblaient inoffensives en octobre ont enflé telles des pustules sanguinolentes et sont complètement hors de contrôle à l’approche de juin. Les mathématiques travaillent contre vous, et des mots tels que tarabusté et Apo-calice prennent une signification personnelle. En somme, les trois dernières semaines de la saison sont celles où les gagnants se rassemblent et où les perdants assemblent une petite montagne de billets verts pour payer la dette… sous peine d’être punis sauvagement.

Le temps est venu, dit l’homme d’affaire Hochelaguien, de parler de choses brutales; de jambes cassées et de rêves brisés, d’yeux saignants et de femmes de joie. Là où le tribunal de divorce se profile également, avec des procédures de faillite et des fiers à bras martelant sur votre porte d’entrée la nuit, hurlant des trucs pas très catholiques tels que, « viande hachée morte » et « coups de pied jusqu’à ce que ton genou saigne du nez » !  Ces choses sont réelles – pour le dire doucement – et elles incluent d’énormes prêts personnels, ainsi que le système de recouvrement de dette, mais pas nécessairement toujours avec des gens habillés en costards trois pièces, ou qui ont leurs 436 en mathématiques. C’est le côté sombre des sports professionnels en Amérique, et où les mauvaises dettes de jeu sont collectées par tous les moyens nécessaires, y compris les doigts coupés et l’extraction violente des organes vitaux, comme les reins et même les globes oculaires – ils ont assurément une valeur monétaire sur le marché noir médical.

Votre clavier Gonzo vous explique tout cela non pas parce qu’il veut gâcher votre Noël des campeurs, soit un peu après la finale de la Coupe Stanley, mais parce qu’il tend, d’abord et avant tout, à vouloir devenir un rédacteur sportif professionnel. Il prône alors une obligation morale à l’échelle d’un impératif génétique d’écrire honnêtement sur le côté affreux des sports professionnels en Amérique. Et non pas seulement avec la frénésie d’un jeune garçon insouciant, étendu sur gazon un peu trop vert – de type Monsanto –, sous un chaud soleil qui exclurait les radiations devenues turbo cancérigènes, et accompagné d’une bombasse sans pudeur, avec son corps durci au collagène bon marché. Ni de Victoire-pour-toujours avec de la bière bon marché à tous les soirs, un peu comme nous le voyons constamment dans les publicités télévisées, destinés à d’éternels partouzes orgiastiques sans fin, voire le genre qui inclue le nouveau ab-fléchisseurs, ou des croustilles sans gras et des boîtes de litières électriques qui brillent dans l’obscurité.

Et pis, après? Revenons donc à nos moutons sur patins, si vous le voulez bien, car le temps sur ce billet est dépassé depuis longtemps, alors il nous faut conclure. Ok, il faut tout de même considérer le Lightning de Tampa Bay et les Predators de Nashville dans l’équation. Ces deux formations ont tout ce qu’il faut afin de prétendre aux grands honneurs itou. Toutefois, ils ne se sont malheureusement pas retrouvées dans ma sainte vision. Alors, oubliez toutes ces futilités de la vie, tel que ce supposé scandale avec un certain gardien de but à Montréal et une policière, ou les vergetures d’Eugénie, ou la disparition soudaine de Stéphane Langdeau. Non, pensez plutôt à des licornes et à des arcs-en-ciel. Visualisez Marc-André Fleury, triomphant à Pittsburgh devant le regard déconfit du bébé-braillard de Sidney Crosby. Ah, fantasme, fantasme, ça me fait me sentir bien, intraitable et presque inexvulnable (mot inventé pour la cause). On parie vingt dollars?

 

Crédit montage photo : Eric Lamoureux-Petrin

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