À quelques heures du Daytona 500, voici le deuxième article mettant la table en vue du début de la saison 2018 de la Coupe Monster Energy de NASCAR. Le précédent article, que vous trouverez ici, faisait le point sur les changements techniques et expliquait la procédure de qualifications particulière à la « Great American Race. »
Les objectifs de ce texte sont de faire le bilan de la valse des pilotes et d’effectuer quelques prédictions, question de mettre la table pour la prochaine saison.
Ils sont partis, elle est presque partie …
C’est un véritable changement générationnel qui s’effectue en ce moment dans la série Monster Energy de NASCAR. Plusieurs favoris de la foule ont quitté récemment :

Dale Earnhardt Jr a préféré se retirer avant de subir la commotion cérébrale fatale.
Dale Earnhardt Jr.
L’enfant chéri du stock-car avait annoncé qu’il prendrait as retraite au terme de la saison 2017. Aux prises avec des problèmes de commotion cérébrale depuis quelques années, il souhaitait finir avec toute sa tête. Il espérait terminé en force en remportant une course et en participant aux éliminatoires. Malheureusement pour lui, les résultats ne furent pas au rendez-vous victime de plusieurs malchances. Avec une 21e position au classement général, il semble qu’il était temps pour lui de se retirer. Les amateurs ne perdront pas de vue leur favori car Earnhardt Jr se joindra à l’équipe de NBC qui possède les droits de diffusion pour la deuxième moitié de saison.
Matt Kenseth
Ce vétéran de 45 ans, lui, ne souhaitait pas quitter, il a été poussé vers la sortie. Joe Gibbs Racing préférait placer leur jeune prospect Erik Jones dans la voiture #20. Officiellement il n’est pas retraité, son statut est « sans volant. » Il ne faudrait pas se surprendre si une équipe fasse appel à ses services cas de blessure pendant la saison. Matt Kenseth a remporté la course de Phoenix en 2017 et a terminé au septième rang du classement général. Il n’avait pas l’air d’un grand-père sur la piste. Ses exigences salariales auraient été un facteur jouant en sa défaveur.
Danica Patrick
La vétérante pilote n’en a pas encore totalement terminé avec la course automobile mais presque… Pour 2018, elle a conclu un accord avec son fidèle commanditaire Go Daddy pour participer à deux dernières courses : rien de moins que le Daytona 500 et le Indy 500. Après cinq saisons mitigées en NASCAR où son plus grand fait d’arme fut de signer la pôle à Daytona en 2013. Patrick est une bonne pilote en mesure de tenir son bout avec les meilleurs mais il lui manque le petit quelque chose pour rouler à l’avant. Sa capacité à amener des commanditaires lui aura permis d’étirer sa carrière. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une perte pour la série Monster Energy étant donné sa grande popularité.
Ces trois noms s’ajoutent à ceux de Jeff Gordon, Carl Edwards, Tony Stewart et Greg Biffle qui ont quitté au cours des deux saisons précédentes. Le pilote de la célèbre voiture Dupont #24 avait décidé d’accrocher ses gants en 2015 mais a finalement pris le départ huit fois en remplacement de Dale Earnhardt Jr en 2016. Gordon a connu une carrière extraordinaire en NASCAR : quatre fois champion, 93 victoires et 477 top-10.
Le populaire Carl Edwards a pris tout le monde par surprise en annonçant sa retraite à quelques semaines du Daytona 500 2017. À 37, c’est jeune pour se retirer mais les éreintantes saisons en auront probablement été la raison. De nombreux partisans s’ennuient de ses périlleux arrières après une victoire.
Affecté par un incident lors d’une course sur terre battue en 2014 où il aurait frappé accidentellement Kevin Ward Jr. Ce dernier se trouvait sur la piste à l’extérieur de son véhicule quand l’accrochage avec Stewart lui a coûté la vie. Tony Stewart a connu une pénible fin de carrière. À sa dernière saison en 2016, il rate les huit premières épreuves suite à une blessure au dos survenue lors d’une balade hors piste en « dune boggy. » Il parvient tout de même à gagner une course à Sonoma sur circuit routier en 2016 et terminer son parcours en NASCAR avec une participation aux éliminatoires.
Celui qui a été au volant de la Ford #16 de 2003 à 2016 doit se retirer à cause du manque de financement chez Roush-Fenway Racing. L’écurie a été incapable d’amener les commandites nécessaires pour rouler trois voitures, ce qui a forcé Greg Biffle à la retraite. N’ayant pas le palmarès des pilotes précédents, Biffle représentait un féroce compétiteur mais grandement respecté par ses pairs grâce à son comportement irréprochable en piste.
Recrues

Après avoir gravi rapidement les échelons du NASCAR, Byron tentera de s’imposer dans la catégorie reine.
William Byron
À peine âgé de 20 ans, le jeune William Byron effectue ses débuts en grande pompe en Coupe Monster Energy à bord de la célèbre Chevrolet #24 de Hendrick Motorsports. Le jeune homme a connu une progression fulgurante dans les séries mineures de NASCAR : Champion 2015 de la série K&N Est, Recrue de l’année dans la série de camionnette Camping World 2016 et Champion et recrue de l’année en Xfinity en 2017. Byron est rapide, talentueux et un gagnant dans l’âme, saura-t-il supporter la pression du grand cirque? Il aura fort à faire à Daytona car il s’élancera de la 33e position.
Darrell Wallace Jr
Pilote de développement de Joe Gibbs Racing, il obtient sa libération en 2015 car l’équipe a de la difficulté à obtenir du financement pour le faire rouler en Xfinity. Bubba Wallace se trouve un volant chez Roush-Fenway où il court entre 2015 et la mi-saison 2017. Encore une fois il est victime du manque de commanditaire. Suite à la blessure de Aric Almirola, il obtient quatre départs chez Richard Petty Motorsports dans la #43. Il effectue une assez bonne impression pour que le King offre au pilote de 24 ans le volant pour 2018. Une plus que respectable septième position au départ à Daytona donnera-t-elle l’élan à sa saison recrue?
Valse des pilotes
À la fin de chaque saison, plusieurs pilotes voient leur association avec leur équipe prendre fin. Un peu comme dans les autres sports professionnels, ils deviennent « joueurs autonomes » et peuvent offrir leurs services à l’ensemble du plateau. À la différence des autres sports, la course automobile repose grandement sur les commandites et ceux qui réussissent à apporter du financement avec eux auront un avantage.
L’entre saison a encore une fois été riche en transferts. En voici quelques-uns qui semblent les plus importants.
Joe Gibbs Racing avait accepté de financer une deuxième voiture chez Furniture Row Racing l’an dernier afin que son pilote Erik Jones puisse rouler à temps plein en 2017. Devant lui faire une place, Coach Gibbs a décidé de ne pas renouveler le contrat de Matt Kenseth dans la voiture #20.
Le départ vers la retraite de Danica Patrick a ouvert une place chez Stewart-Hass Racing. L’équipe de Tony Stewart a opté pour le vétéran de 33 ans Aric Almirola pour piloter la voiture #10. Il s’agit d’une belle opportunité pour le natif de la Floride qui disposera de matériel de première qualité. Pourra-t-il la saisir? Dans la négative, cela pourrait signifier la fin de sa carrière.
Comme mentionné précédemment, c’est à Darrell Wallace que reviendra la responsabilité de conduire la voiture #43 de Richard Petty Motorsport.
Associé à Richard Childress Racing depuis plusieurs saisons, Paul Menard quitte pour l’écurie des frères Wood afin de prendre le volant de la #21. Ce dernier amène la commandite de l’entreprise familiale Menard’s avec lui. Incapable de pallier à cette perte financière, RCR n’alignera que deux voitures cette saison (#3 et #31).
Le jeune Ryan Blaney, protégé de Penske, quitte les Wood Brothers pour rejoindre la grande équipe dans une troisième voiture, la 12. Blaney a impressionné en 2017 en remportant une épreuve à Pocono, en se qualifiant pour les éliminatoires et en terminant au neuvième rang du classement général.
Le jeune Alex Bowman aura de grands souliers à chausser devant remplacer le célèbre Dale Earnhardt Jr dans la voiture #88. Hendrick est convaincu de son talent mais cela reste à prouver. Bowman a peu roulé dans les dernières années, lui qui était assigné aux essais sur simulateur à l’usine de la Caroline du Nord.
Comme mentionnné précédemment, William Byron prendra place dans la #24. Le quatuor de Hendrick Motorsport ne serait pas complet sans la présence du septuple champion Jimmie Johnson (#48). Le pilote de 42 ans agira comme grand-frère auprès de ses jeunes coéquipiers.
Kasey Kahne, dont l’étoile a grandement pâli durant son passage chez Hendrick Motorsport, s’alignera dans une équipe avec beaucoup moins de moyens. Il portera le #95 de chez Leavine Family Racing. Dans le meilleur des mondes, il se battra pour une place dans le top-20 au classement général.
À noter que le canadien DJ Kennington prendra le départ au Daytona 500 en 30e position. Ce dernier devrait effectuer quelques autres courses au sud de la frontière au cours des prochains mois.
Une année charnière?
Sans être en grande difficulté, NASCAR est dans une phase un peu plus difficile. Les gradins ne sont plus aussi remplis qu’auparavant, les cotes d’écoute sont stables et les commanditaires sont plus difficile à convaincre. L’organisation a mis en place quelques mesures pour réduire les coûts et a effectué des modifications aux règlements pour améliorer le spectacle.
Le principe des segments a dynamisé les épreuves et on a moins l’impression de regarder des voitures « tourner en rond » pour écouler les centaines de tours pour finalement voir de l’action dans les 25 derniers. La diminution du nombre d’équipiers dans les puits donnera plus d’importance à cet aspect de la course et permettra aux équipes d’économiser un salaire.
Drivers, start your engine!
C’est un peu passé 15h00 que les 40 voitures s’élanceront pour 500 miles à Daytona et pour un marathon de 36 épreuves qui se conclura à la mi-novembre. Ce sera la 60e édition de cette épreuve sur le circuit floridien de deux miles et demi. Les pilotes y roulent la pédale au plancher du début à la fin à plus de 300km/hr dans les lignes droites. Ce qui permet de garder le pied sur l’accélérateur est l’inclinaison de 31 degrés dans les virages et de 18 degrés dans le raidillon de la ligne de départ-arrivée. Les voitures épousent donc la piste en ayant une courbe naturelle créant une adhérence supplémentaire.
Alex Bowman (#88) a réussi à conserver sa pôle position en terminant 14e position. Ryan Blaney (#12) s’est accaparé la troisième position en remportant le premier duel jeudi dernier.
Le gagnant du second Chase Elliot (#9) partira quatrième. Denny Hamlin (#11) s’alignera au côté de Bowman en première ligne grâce à sa neuvième position. Le vainqueur du Daytona 500 2017, Kurt Busch (#41), s’est qualifié onzième.
Aucun des trois constructeurs ne semble dominer, les Chevrolet, Ford et Toyota sont assez bien réparties dans le top-15. Si on se fie à l’an dernier, les Ford seront dominantes sur une piste comme Daytona et il sera interessant d’observer les alliances que l’on formera pour créer les trains de voitures. Les Penske de Blaney (#12) et de Logano (#22) seront une derrière l’autre en 3e et 5e place. Il ne serait pas surprenant de les voir travailler ensemble et contrôler le peloton. Trois autres pilotes à surveiller : Brad Keselowski (#2), Ricky Stenhouse Jr (#17) et Kurt Busch (#41).
5 sérieux prétendants au titre en 2018 (sans ordre précis)
Kyle Busch (#18)
On peut toujours compter sur Rowdy pour rouler à l’avant, signer des pôles et accumuler des victoires saison après saison. Le champion 2015 a malheureusement dû se contenter du titre de vice-champion en 2017 malgré ses cinq victoires. Le pilote de la voiture 18 bénéficie de matériel de première qualité chez Joe Gibbs Racing et doit encore être considéré comme un sérieux aspirant. La volonté de rouler à l’avant pousse régulièrement Kyle Busch à sur-utiliser sa mécanique ce qui lui cause des ennuis en fin de course.
Chase Elliot (#9)
Le jeune pilote originaire de la Géorgie est passé près l’an dernier terminant au cinquième rang du classement général. Ses espoirs se sont éteints à quelques tours de l’arrivée à Martinsville où il menait jusqu’à temps que Denny Hamlin le pousse dans le mur. Bien qu’il ne soit pas parvenu à gagner de course, il accumule les top-5. Sa constance lui a permis de faire un bon bout de chemin dans les éliminatoires. Chase Elliot remportera sa première victoire en carrière et luttera jusqu’à la fin pour le titre en 2018.
Kyle Larson (#42)
Issu des courses sur terre battue, le pilote de la 42 a remporté quatre victoires en 2017 et s’est maintenu dans le haut du classement. C’est la malchance en fin de saison qui lui a coûté sa place en finale. Son moteur a explosé deux fois et il fut impliqué dans deux accidents dans quatre des cinq dernières courses. Soyez assuré que Kyle Larson fera tout en son pouvoir pour être des finalistes à Homestead.

Champion défendant de la Coupe Monster Energy, Martin Truex Jr pourra-t-il dominer encore autant en 2018?
Martin Truex jr (#78)
Après une saison 2017 extraordinaire où il a collecté pas moins de huit victoires, Truex tentera de défendre son titre. Il serait surprenant qu’il soit aussi dominant mais ne le comptez surtout pas comme battu. Il devrait encore connaître beaucoup de succès et se retrouver régulièrement dans le peloton de tête, surtout lors des épreuves sur les pistes de 1 mile et demi.
Jimmie Johnson (#48)
Le vétéran pilote californien de 42 ans tentera de mettre la main sur un huitième titre de la série Monster Energy. Ne vous laissez pas berner par son âge, 42 ans n’est pas très vieux en NASCAR. Jimmie Johnson est probablement le pilote le plus en forme du peloton lui qui est un grand adepte des triathlons. Après une année 2017 « correcte », il souhaite rebondir et prouver à tous qu’il demeure dans le coup.
Sur ce, bonne saison à tous les amateurs de course automobile et de NASCAR!
Crédit photo : SB Nation / Nationwide Blog / NBC Sports / Mile High Sports
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