La vente de garage du CH | Charlie Phaneuf

Le Canadien était en congé durant toute la semaine dernière. « Le Canadien? Quel Canadien? Peux-tu être plus précis; c’est que nous sommes plus de 35 millions dans ce pays… » Non, je parle du Club de Hockey le Canadien de Montréal; il était en congé la semaine dernière. « Ah, celui-là… ». Bon, oui, je sais que tu t’en sacres, cette saison, du Canadien.

Bref, pour les autres, voire ceux qui ont toujours le feu sacré-sauvage sur le bord de la lèvre, était-ce si long que ça à supporter, une semaine sans cette bande de lâches en vadrouille? Pas tant que ça. Très facile, même, puisque nous avons eu droit à de très bons duels, ailleurs dans la LNH.

Ouin, c’est sûr que si ton contrôle temporairement absolu de la télévision ne s’opère seulement que lorsque le CH joue – tsé, parce que ta Suzanne n’en a absolument rien à foutre des Sénateurs contre les Hawks – là, je te comprends, tu devais avoir hâte en s’il vous plaît que Max Pacioretty ne rechausse les patins – rechausse est un grand mot, ici. Chose certaine, tu devais bien être le seul à angoisser sans le CH en action. Quoi que ton motif était tout de même noble : t’avais pas envie de te claquer Curieux Bégin, Coup de Foudre, ou, pire : Denis Lévesque.

Mais j’y pense. C’est exactement ça ton problème. Et le problème du CH, de surcroît. Tu ne t’assumes pas; une vraie mitaine sans pouce qu’on vous dit. Tu veux écouter les Black Knights? Tu le fais. Même chose pour Marc Bergevin. Sa formation doit cesser de brûler la palette par les deux bouts; inutile de jouer à l’autruche qui ne va dans les coins de patinoire que lorsque l’entraîneur promet des soirées chez Paré en cas de victoire. Vivement que le gugusse de Geoff Molson s’assume dans sa saison de misère.

C’est simple, la présente campagne du Canadien est à foutre exactement au même endroit que le corps de Jimmy Hoffa, ou les carrières de Jonathan Cheechoo et de Devin Setoguchi : dans l’oubli. Et le statut de saison enculo-tampon aurait dû être consolidé il y a de cela quelques semaines déjà. Le procédé est simple : on liquide les outils qui possèdent encore un tant soit peu de valeur, on va chercher des jeunes espoirs, des choix au repêchage, un soigneur, des roulettes de tape, mais, surtout, on sacrifie la saison en cours. La logique est la suivante : une semaine sans la Sainte-Flanelle (ou Flanelle-Maudite, c’est selon) en déconfiture a fait grand bien au moral, alors aussi bien donner un grand coup et s’en passer jusqu’à la fin de la présente saison.

P.S.: Pour écouter les matchs d’autres villes, tu peux toujours marchander des heures d’écoute de la télévision du salon en utilisant le ménage du garage comme monnaie d’échange. L’état major du Canadien serait vert de jalousie de tes talents de négociateur.

P.S.2: Si t’as pas envie de faire le ménage, parce que, pour toi, y’a un ordre dans ce désordre, eh bien, je te suggère le demi Valium dans le café du soir de ta Suzanne; un Valium complet si elle est déjà sur une prescription quelconque.

Cabotinage nécessaire exclu, avec une vente de garage digne des Expos ou des Nordiques, for good ol’ times sake, on s’assurerait ainsi de repêcher dans le top. Et, pour tout dire, l’espoir stimule gros temps de mettre la main sur Rasmus Dahlin, ce défenseur suédois qui est considéré comme le prochain petit (pas si petit que ça à 6 pieds 2 pouces) Mozart du hockey. Surtout après le championnat mondial junior qu’il vient de connaître; il n’y a plus aucun doute qu’il sera le premier nom prononcé lors du prochain encan, en juin. Et pour cause. Outre le fait qu’il ne possède pas de nibards (hommages à la société de consommation ici : jamais sans mes nibards, oh!), ce ludique a tout pour faire rêver. Dahlin possède les aptitudes afin de devenir un défenseur étoile dans la LNH. Certains chevronnés déclarent déjà qu’il pourrait aider une franchise dans le besoin à faire un 180 degrés.
Non, je ne fais pas de strabisme ici, cher Marc Bergevin, je regarde bel et bien dans ta direction. Et ça ne prend pas une spécialiste du langage corporel afin de comprendre que tu es nerveux devant les journalistes. Rapport que même le Shaman du Journal Le Métro pourrait saisir l’ampleur de ton œuvre: tu as connu une pléiade de ratés depuis que tu es en poste. En fait, probablement que l’échange incluant PK Subban aura été celui qui t’aura le plus hanté. Non pas parce que Shea Weber ne t’en a pas donné pour ton argent, mais surtout parce que tu as choisi Max Pacioretty ce jour-là, et que ce grand fainéant ne t’aura assurément pas rendu justice. Spécialement durant les séries contre les Rangers de New York, le printemps passé. Tu es donc à bout de ressources, mon cher Marc. C’est vrai: jadis si jovial et de commerce agréable avec les journalistes, tu es dorénavant aussi enjoué qu’un embaumeur qui fait des heures supplémentaires avec passion.

L’idéal serait que tu partes, puis qu’une énergie nouvelle vienne opérer la grande liquidation nécessaire en cette fin de saison, mais tu seras fort probablement toujours derrière le micro en conférence de presse estivale, après que les Golden Knights aient bouleversé la planète hockey et soulevé la merveille argentée de Lord Stanley à leur première année d’existence – cette petite prédiction hystérique vous est présentée par Xanax et un verre d’eau. Alors, va bien demander à ta fierté de retenir sa respiration d’ici là et, pour l’amour, mets une croix sur les séries.

C’est comme quand t’as besoin d’argent de poche à l’âge de 15 ans. Tu fais quoi? Une vente de garage. Mais cette fois, il faut remplir notre banque d’outils – dans ce cas-ci, de choix; eux qui serviront lors du prochain repêchage. Comment s’assurer le succès d’une vente de garage? Facile, il faut bien planifier. Commencer à mettre de côté les items que vous souhaitez vendre à l’avance, faire un tri et apposer les prix.

Pour avoir une vente de garage réussie, ça prend de la visibilité! Il faut donc l’annoncer sur les réseaux sociaux, sans oublier d’envoyer deux ou trois pamphlets promo de l’évènement à ses collègues par courriel, en espérant qu’ils ne redirigent pas le message dans la corbeille du spam. Alors, cher QG du CH, engage les meilleures institutions de pensées sur le marché, et commence toi aussi à opérer le clickbait en vrac. Un simple soupçon d’odeur de rumeurs de transaction suffira aux Lebrun et McKenzie de ce monde et le tour est joué! Certains think tanks sont capables de faire gober à la plèbe que les changements climatiques ne sont pas réellement en train de survenir; certains clickbaits sont parvenus à faire croire aux plus incrédules que Carey Price avait trompé sa femme avec une policière, qu’Angela avait quitté le domicile familiale, pis que ça expliquait sans aucun doute la saison difficile de Price. Écoute, rendu-là, les Francs-Maçons du 33e degré dirigent Molson et la Terre est plate. Mais Tomas Plekanec ne vaut pas un troisième choix au repêchage par contre; il y a des limites à ce que les Illuminatis peuvent faire croire au monde. Je sais, c’est dommage.

Fixer des prix réalistes. Ne pas oublier: ce que les gens recherchent dans les ventes de garage, ce sont les aubaines, pas les objets rares ou de valeur. Le facteur qui déterminera s’ils achèteront ou pas, c’est ultimement le prix. Il faut également se rappeler que la négociation est attendue. Certains objets ont trop de valeur sentimentale pour partir en retour de 1,25$ et une vieille carte O-Pee-Chee de Tom Kostopoulos. Avant de se départir de favoris de la foule, comme Andrew Shaw ou Paul Byron, il faut argumenter un brin. Mais, le but ultime d’une vente de garage devrait surtout être de se débarrasser d’items superflus ou qui ne servent plus. Et ça, la formation en regorge. « Ales Hemsky (qui?) est demandé au rayon des cosmétiques, merci ».

L’idéal, c’est plutôt de voir la vente comme une forme de recyclage et de bon voisinage, permettant à d’autres directeurs généraux de pouvoir se procurer ce qu’ils ont besoin pour leur alignement éliminatoire à moindre coût.
Tout ce qui va attirer les acheteurs est une bonne chose, donc il faut créer une ambiance accueillante. Un petit comptoir de limonade par exemple; c’est fou à quel point ça demeure encore aujourd’hui populaire! Un spécial « à l’achat d’une frette du Centre Bell on vous offre Jacob de la Rose en cadeau », ça vous dit? On peut aussi inclure un peu de musique de fond (Céline – ça pogne même en Californie et au Texas) et/ou des décorations comme des ballons et des fanions. Une banderole « AllinforDhalin », peut-être?

Publié
7 années
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Canadiens
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