Nouvelle saison, nouvelle image, nouvelle philosophie. C’est ce qui caractérise la version 2020 de l’Impact de Montréal. D’abord, il faut parler du nouveau maillot secondaire qui sera dorénavant de couleur grise avec de nouveaux motifs conçus pour la MLS. Ce nouveau maillot a été présenté à New York, dans le cadre des événements de la ligue qui célèbre son 25e anniversaire. Plusieurs se questionnent à savoir pourquoi l’Impact à délaisser le blanc pour le gris, mais j’aime plutôt le concept. Il s’agit du premier maillot secondaire gris depuis l’arrivée du club en MLS. Ce nouveau chandail orné de cinq minces lignes blanches présente une coupe ajustée et raffinée avec un col en V. Il arbore au bas la forme de la province du Québec avec les fameuses quatre lettres du club IMFC de même que trois valeurs du club inscrites à l’intérieur du col : passion, fierté et authenticité. L’écusson en noir et blanc ajoute une touche distinguée et unique à ce nouveau maillot. On y retrouve également sur la manche droite un logo incolore du 25e anniversaire de la ligue.
Cela dit, le thème de la nouveauté prend tout son sens à l’aube de la prochaine saison qui s’amorce le 29 février prochain. Il n’y a pas que l’Impact qui s’est donné une autre image. La MLS a conclu avec l’association des joueurs une entente sur la nouvelle convention collective qui entrera en vigueur cette saison et qui s’étalera sur cinq ans, soit jusqu’à la fin de la saison 2024. J’analyserai cette nouvelle convention collective plus tard dans ce billet.
Nouvel entraîneur, nouvelle philosophie

Thierry Henry, entraîneur-chef
Après le tourbillon engendré par le congédiement surprise de Rémi Garde à la fin de la saison dernière, plusieurs attendaient avec impatience l’annonce du nouvel entraîneur-chef du onze montréalais. D’abord, parce que c’était un autre entraîneur qui n’aura pas atteint la barre des trois ans avec le club depuis son entrée dans la ligue. Avec la nomination de Thierry Henry le 14 novembre 2019, ça en a surpris plus d’un, j’étais un de ceux-là, mais je crois vraiment que l’équipe a voulu lancer un message clair aux partisans. Reste que Henry devient ainsi le septième entraîneur de l’Impact depuis son accession à la MLS en 2012. Le bilan est peu reluisant et on se doit d’être plus patient avec les entraîneurs qui dirigent le club. La réputation de l’équipe n’y est pas négative pour autant au niveau international, mais il faut mieux encadrer le personnel et les dirigeants techniques pour leur permettre de faire le travail qu’ils sont supposés être capables d’effectuer. Le camp d’entraînement de 2020 est totalement différent de ceux dirigés par Rémi Garde par le passé. Moins de doubles sessions, mais les entraînements sont un peu plus longs. Il y a moins de course aussi. Plus de travail avec le ballon. D’après les joueurs : pas meilleur, ni moins bien, juste différent. Le système prôné par Henry est « excitant », mais aussi plus « compliqué ». Ayant appris de grands coachs comme Arsène Wenger, il n’est pas surprenant de constater son système plus ardu à comprendre pour les joueurs.
Effectif revampé

Romell Quioto
Ce que l’on constate de l’édition 2020 de l’Impact est le virage jeunesse auquel l’équipe tenait à avoir. La présence d’Olivier Renard comme directeur sportif n’y est pas étrangère d’ailleurs. Les retours de Okwonko, Ballou Tabla, Lassi Lapalainen, Zachary Brault-Guillard et Clément Diop vont solidifier l’identité jeunesse de l’équipe. La prolongation de contrat à long terme de Samuel Piette est probablement la meilleure nouvelle de la saison morte malgré le départ peu surprenant de Nacho Piatti pour l’Argentine. Parmi les arrivées, on compte le milieu de terrain Haïtien Steeven Saba et l’Argentin Emanuel Maciel qui a été obtenu dans le transfert de Piatti à San Lorenzo. Chez les défenseurs, l’acquisition du jeune anglais Luis Binks et du Canadien Joel Waterman amènera un vent de fraîcheur en charnière centrale. Ils seront appuyés par le vétéran Rod Fanni qui lui aussi est de retour après un bref passage l’an dernier. En attaque comme ailier et milieu offensif, l’arrivée de Romell Quioto comblera un vide avec l’absence de Nacho du côté gauche. Quioto est un joueur habile, rapide et est capable d’attaquer les périmètres et d’effectuer des lancers dangereux au filet comme on a pu voir lors du match aller contre Saprissa en CONCACAF. Je suis très enthousiaste de l’apport de ce joueur. Je considère même apposer ma signature au protocole de Quioto. Outre Saphir Taider, il reste actuellement deux places de joueurs désignés disponibles. Parions que Renard et Henry feront tout en leur pouvoir pour attirer de gros noms dès l’ouverture du marché des transferts au mois de juillet.
De chaudes luttes à prévoir
Bien que la profondeur semble prometteuse, il reste qu’il y a des luttes à prévoir à plusieurs positions. Est-ce que Rudy Camacho, Jukka Raitala et Jorge Corrales feront partie des partants ou des réservistes en défensive? Au milieu, Shamit Shome, Mathieu Choinière et Clément Bayiha se battront pour des postes de réservistes et tenteront d’être en uniforme pour tous les matchs. En attaque, qui de Urruti, Bojan et Jackson-Hamel sera utilisé comme avant-centre permanent? Rien n’est assuré à cette position qui fait défaut depuis le départ de Didier Drogba. On peut penser que Bojan est le favori et qu’il sera un atout majeur s’il trouve ses marques rapidement.
Nouvelle convention collective
Depuis quelques années, la MLS est en pleine expansion et gagne en crédibilité. Cependant plusieurs points laissaient à désirer et je vous énumère les améliorations de la nouvelle entente comparée à l’ancienne.
Autonomie
Un des gains significatifs des joueurs est de voir l’autonomie devenir accessible à compter de 24 ans pour autant que le joueur cumule cinq saisons d’expérience en MLS. Auparavant, les joueurs devaient avoir 28 ans et posséder au moins huit années de service. Le but de cette requête est d’améliorer l’équilibre de la compétition à travers la ligue. Avant, environ 11 % des joueurs avaient droit à l’autonomie et ce nombre va pratiquement doubler dans ce nouveau pacte. Qui plus est, les équipes pouvaient dépenser jusqu’à concurrence de 8 490 000 $ en salaires en 2019 et cette somme va évoluer jusqu’à 11 643 000 $ annuellement en 2024.
Meilleurs salaires
En plus d’obtenir une meilleure couverture d’assurance et un fonds de pension bonifié, les joueurs vont aussi voir leurs salaires progresser de façon importante. Un effectif compte 30 places, dont 20 sont considérées comme seniors et le reste comme la réserve. En 2019, le salaire minimum pour un joueur avec le titre senior était de 70 250 $. Il sera de 109 200 $ en 2024 avec des bonis pouvant atteindre 35 000 $. En ce qui concerne les joueurs dits de réserve, leur salaire minimum va passer de 56 250 $ en 2019 à 85 000 $ en 2024 avec des bonis pouvant aller jusqu’à 53 000 $. Autre gain majeur, tous les contrats seront garantis dès la seconde année ce qui garantira une sécurité supplémentaire aux joueurs.
Vols nolisés
Ce point était très important dans la dernière négociation. J’en avais parlé dans une plus récente chronique que l’enjeu des vols nolisés allait être fortement discuté entre la ligue et les joueurs. Les vols nolisés faisaient partie des priorités, c’était au sommet de la liste avec les aspects financiers concernant le salaire. Dans cette entente, ce qui est le plus important, c’est qu’avant, l’utilisation des vols nolisés était discrétionnaire alors qu’ils seront désormais obligatoires. Donc chaque équipe pourra bénéficier de cette équité à travers la ligue.
Ainsi, les équipes pouvaient prendre jusqu’à quatre segments de vols nolisés avant cette saison. À compter de cette année, ce nombre va grimper à huit et de deux chaque année subséquente pour atteindre seize en 2024, soit pratiquement la moitié de la saison. Ils seront aussi obligatoires pour les séries et la Ligue des champions. Donc l’Impact en a bénéficié lors de son voyage à San José au Costa Rice pour son premier match de CONCACAF. On se souviendra que plusieurs incidents sont survenus la saison dernière, dont un vol annulé pour l’Impact la veille d’un match en Nouvelle-Angleterre qui a forcé l’équipe à prendre un vol nolisé quelques heures avant la rencontre. Ce qui n’était en soi pas très sérieux dans les circonstances.
D’autres informations sur la convention à noter :
Durée : 1er février 2020 au 31 janvier 2025
Investissements accrus sur les joueurs
Plus grande liberté financière avec les contrats
L’allocation ciblée, qui ne visait que certains joueurs dont on pouvait faire descendre l’impact sous le plafond salarial, va se changer en allocation générale qui visera l’ensemble de l’effectif. Ainsi, les sommes sans restrictions vont passer de 33 % en 2019 à 82 % en 2024. Par exemple, Bojan Krkic a un salaire d’un peu plus de 1,2 million de dollars par année et l’équipe utilise de l’allocation ciblée pour faire descendre l’impact de ce salaire sous le plafond salarial. On pourra appliquer ce principe à plus de joueurs et il y aura plus d’allocations générales disponibles. Donc c’est pourquoi les équipes peuvent manœuvrer plus facilement avec ceux qui ne sont pas joueurs désignés, mais qui ont un gros salaire pour amortir l’impact financier. Rappelons que le salaire des joueurs désignés ne compte pas sur le plafond salarial des équipes.
Maintenant place au deuxième match de Ligue des champions de la CONCACAF le 26 février prochain au Stade olympique. Ma prédiction est que l’Impact sortira vainqueur de cette première phase de la compétition.
Je vous reviens bientôt pour d’autres analyses.
Johnatan Paré
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